Maroc : étendre son influence en Afrique et dans le Monde

Selon le rapport « Global Soft Power Index 2023 » publié le 2 Mars, le Maroc est le pays le plus influent du Maghreb et se classe troisième en Afrique. Ce résultat est le fruit d’une stratégie géopolitique fructueuse, reposant sur plusieurs piliers : le sport, l’agriculture et le secteur maritime.

Mohammed VI, roi du Maroc

La voie de la formation militaire et de la diplomatie sportive

Le Royaume du Maroc étend tout d’abord son pouvoir en Afrique via ses cursus militaires qui ont formé de nombreux leaders africains. L’académie militaire de Meknès est une mini-usine à chefs d’État. On peut notamment compter Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso, Mohammed Ould Abdel Aziz pour la Mauritanie ou encore Azali Assoumani, aux Comores.

Mais le Maroc ne s’est pas cantonné au prestige militaire et fait usage de la diplomatie sportive. En effet, comme le rappelle Pascal Boniface, « Le sport rend la puissance sympathique et populaire. L’étalage de la puissance militaire fait peur, elle peut provoquer le rejet. Pas la victoire d’un sportif. ». Le Maroc cherche à projeter une image positive tout en consolidant son influence au niveau de la communauté internationale. Son statut de co-organisateur de la Coupe du Monde de football 2030 et ses constructions d’infrastructures sportives d’envergure comme le stade de Benslimane, au nord de Casablanca, en sont la preuve.

L’agriculture, axe essentiel du soft power marocain

Le secteur agricole représente l’un des piliers majeurs de l’économie marocaine et de ses coopérations avec d’autres puissances africaines. Le Royaume du Maroc peut en effet compter sur les stratégies menées par le Roi Mohammed VI, dont les plans Génération Green 2020-2030 et Halieutis. Ceux-ci visent à transformer le secteur agricole en pourvoyeur d’emplois et en un instrument plus efficace pour assurer de meilleures conditions de vie et d’établissement en milieu rural. « Génération Green 2020-2030 » vient consolider un ensemble d’acquis du Plan Maroc Vert qui a réalisé des résultats remarquables en termes de croissance et de durabilité du secteur agricole.

Le Maroc étend également son influence via des entreprises comme l’OCP, premier exportateur de phosphate et d’engrais dans le monde. Mostafa Terrab, directeur général de ce géant industriel, suit la ligne directrice fixée par le palais et multiplie les investissements au sud via des usines en Éthiopie, au Nigéria, des partenariats au Sénégal et dans une douzaine d’autres pays.

Au-delàs de l’Afrique, le Maroc renforce ses relations avec le Salvador, à qui il a fait don de 100 tonnes d’engrais. En réponse, le Salvador a réitéré son soutien à la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud du Sahara, montrant l’efficacité de la politique verte du Maroc.

Une puissance maritime en pleine expansion

Le Royaume du Maroc s’étend sur environ 3.000km et lui permet une ouverture sur plusieurs continents, avec tout ce que cela implique comme opportunités en termes d’échanges commerciaux et d’investissements. Afin de faire fructifier ce potentiel, le Maroc se doit tout d’abord de renforcer ses infrastructures sur les côtes atlantiques, notamment celles situées au Sahara marocain, comme le port de Dakhla Atlantique, dont les travaux devraient s’achever d’ici 2028.

Un exemple fort de la puissance maritime du Maroc est la plateforme Tanger Med 2 qui a vu le jour le 24 décembre 2021, après 9 ans de travaux. Il s'agit de la troisième composante du gigantesque complexe portuaire Tanger Med. Avec cet agrandissement, il devient aujourd’hui le premier port et la première plateforme de conteneurs en Méditerranée et se hisse dans le top 20 mondial. Le complexe portuaire a réalisé un chiffre d’affaires de 953 millions de dirhams au deuxième trimestre 2023, soit une hausse de 11% par rapport à la même période en 2022, selon les chiffres publiés par Tanger Med Port Autorité (TMPA). Les voyants sont également au vert pour le fret maritime, avec un volume de 60 millions de tonnes de marchandises traitées à fin juin 2023 (dont 32 millions de tonnes entre avril et juin), soit une augmentation de 7,4% par rapport au premier semestre 2022. Le Maroc porte ainsi son attention sur la façade méditerranéenne et atlantique en vue de partenariats futurs en tant que zone essentielle du transit maritime. “Notre souhait est que la façade atlantique devienne un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international” a résumé le roi Mohammed VI en novembre.

par MATHIS DIALLO