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Géorgie : la loi sur les "agents étrangers" ou "loi russe" inquiète un pays déjà fragilisé

  • Émilie Guillaumont
  • 13 mars 2023
  • 3 min de lecture

Depuis le 8 mars 2023 la colère monte dans les rues de Tbilissi, capitale de la Géorgie, pays d’environ 4 millions d’habitants du Caucase. En effet, cette ancienne république soviétique connait depuis quelques jours des manifestations de grande ampleur contre une loi jugée pro-russe. Quelle est donc cette loi qui suscite tant de contestation et comment la situation évolue-t-elle depuis les premières manifestations ?





Un pays tiraillé entre Est et Ouest

Dès son indépendance en 1991, la Géorgie, considérée comme historiquement européenne, semblait déjà profondément marquée par une division entre ceux qui souhaitaient un rapprochement avec l’Ouest et les sympathisants russes.

Après une succession de guerres, dont la dernière remonte à 2008, le gouvernement a perdu le contrôle sur les régions d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie. C’est donc 18% du territoire national qui se retrouvent aux mains de forces séparatistes pro-russes soutenues directement par Moscou via la présence de troupes militaires. Aujourd’hui la division entre les factions pro-occidentales et pro-russes est extrêmement claire à l’échelle de l’organisation politique du pays : la Présidente Salomé Zourabichvili s’oppose farouchement aux mesures du parti du Rêve Géorgien, actuellement au pouvoir, qui est à l’origine de ce récent projet de loi polémique. La présidente ambitionne plutôt une potentielle intégration de son pays à l’Union européenne et à l’OTAN. De nombreux Géorgiens soutiennent l’Ukraine dans la guerre et plus de 80% de la population nationale est en effet favorable à l’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne.


Des manifestations pour résister à la pression russe

Le mouvement de contestation a été déclenché par l’adoption mardi d’un projet de loi prévoyant que les organisations non gouvernementales et les médias recevant plus de 20 % de leur financement de l’étranger soient obligés de s’enregistrer en tant qu’« agents de l’étranger », sous peine de se voir infliger des amendes importantes. Pour ses détracteurs, ce texte est inspiré d’une loi similaire existant en Russie depuis 2012, permettant de réprimer la presse indépendante, les organisations de défense des droits humains et les opposants. Au-delà des frontières géorgiennes, divers acteurs internationaux multiplient les déclarations, exprimant leur inquiétude vis-à-vis de cette loi, à commencer par l’Union européenne qui scrute l’évolution de la situation politique du pays, mais également les Etats-Unis ou encore le président ukrainien Volodymyr Zelenski.

Après plusieurs jours de dure répression des manifestants, sous la pression de la rue, le gouvernement a donc fait marche arrière en annonçant le retrait « sans condition » de la loi. Cependant, si cette décision apparait comme une victoire pour les manifestants, elle pourrait n’en être qu’une en apparence. En effet, la rhétorique du parti reste la même. « La machine à mensonges a pu présenter le projet de loi sous un jour négatif et tromper une certaine partie du public. La fausse étiquette de “loi russe” a été apposée sur le projet de loi », peut-on notamment lire dans le communiqué du parti ce jeudi. Ainsi, malgré le retrait du projet de loi, la possibilité d’une future législation sur les agents étrangers ne semble pas abandonnée par le parti.


La colère du camp pro-occidental ne diminue pas

Malgré ce geste du gouvernement, qui avait probablement en tête le soulèvement de Maïdan en 2014, les manifestations continuent. Le camp pro-occidental ne semble pas apaisé et appelle donc à de nouveaux rassemblements, notamment devant le Parlement, lieu où les premières manifestations avaient eu lieu. Il déclare que la mobilisation « ne s’arrêtera pas tant qu’il n’y aura pas de garantie que la Géorgie est résolument engagée sur une voie pro-occidentale ».

Le parlement a ainsi retiré officiellement le texte de loi vendredi 10 mars dans la journée. Cette décision, saluée par les gouvernements occidentaux, est au contraire considérée par le gouvernement russe comme le résultat d’une tentative de coup d’État occidental. Mais, malgré le retrait de ce texte de loi, les yeux de la communauté internationale restent rivés sur le pays, compte tenu de la guerre actuelle en Ukraine.

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