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La Roumanie et la Bulgarie intègrent pleinement l’espace Schengen après treize ans d’attente.

  • Alice Darie
  • 13 janv.
  • 4 min de lecture

Le 1er janvier à minuit, la Roumanie et la Bulgarie sont devenues des membres à part entière de l’espace Schengen. Des cérémonies ont été organisées à divers points de passage pour marquer cette étape. Déjà partiellement intégrés depuis mars 2024 avec la levée des contrôles dans les aéroports et ports maritimes, les deux pays ont obtenu en décembre l’accord de leurs partenaires européens pour l’ouverture des frontières terrestres. Les dirigeants des deux nations ont qualifié cet événement d’« historique », rappelant qu’il s’agissait d’un « objectif clé » depuis leur adhésion à l’Union européenne en 2007. Le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, a salué ce moment comme « le plus grand succès » de 2024. Cette adhésion met fin à une longue attente pour ces deux anciens pays communistes, parmi les plus pauvres de l’UE, qui remplissaient les critères techniques depuis 2011, mais qui se heurtaient à des réticences de certains États membres. Créé en 1985, l’espace Schengen compte désormais 25 des 27 pays de l’UE, ainsi que la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein, permettant à plus de 400 millions de personnes de circuler librement sans contrôle aux frontières.





  1. Des doutes émis envers la Roumanie et la Bulgarie


« Pleinement dans Schengen, à votre place » : c'est par ces mots que Ursula von der Leyen a salué, ce jeudi sur les réseaux sociaux, l’adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen à partir du 1er janvier 2025. La présidente de la Commission européenne plaidait depuis longtemps pour cet accès, bloqué pendant des années par les Pays-Bas et l'Autriche. Vienne, dernier bastion des réticences, avait annoncé le mois dernier être prête à lever son veto. Dans un communiqué conjoint, les deux pays ont souligné que cet objectif, crucial depuis leur entrée dans l'Union européenne en 2007, était enfin atteint. La Roumanie et la Bulgarie, ayant dû attendre deux ans et demi de plus que les autres pays de l’ancien bloc soviétique pour rejoindre l'UE, ressentent depuis un certain sentiment d’infériorité, alimentant en partie le vote pour l'extrême droite lors des dernières élections en Roumanie. Concernant leur entrée dans Schengen, des doutes ont longtemps pesé sur leur capacité à contrôler les flux criminels. Le président roumain, Klaus Iohannis, a réaffirmé l'engagement à « protéger et renforcer les frontières extérieures de l'UE ». Le retour de la question migratoire au cœur des discussions européennes a compliqué les négociations entre les États membres. L'Autriche, où l'extrême droite a obtenu plus d'un quart des suffrages lors des législatives de septembre, redoutait un afflux de demandeurs d'asile avec l’élargissement terrestre de Schengen.



D’importants bénéfices économiques sont espérés


L’adhésion complète de la Roumanie (19 millions d’habitants) et de la Bulgarie (6,5 millions) à l’espace Schengen a été rendue possible grâce à la levée du veto de l’Autriche. Initialement opposée depuis 2022, Vienne avait accepté au printemps 2024 une intégration partielle de Sofia et Bucarest, avec une feuille de route pour une future expansion. L’Autriche, qui craignait un afflux de demandeurs d’asile avec l’élargissement terrestre de Schengen, estime désormais que les mesures récemment mises en place ont entraîné une « réduction massive des passages ». Un accord de novembre prévoit des contrôles temporaires pendant six mois pour limiter les changements potentiels des routes migratoires, et la frontière bulgaro-turque, nouvelle frontière extérieure de Schengen, sera davantage surveillée. Les bénéfices économiques attendus devraient augmenter le PIB d’au moins 1 % dans les deux pays. La fin des contrôles terrestres est également censée faciliter les échanges commerciaux et stimuler les économies, alors que la « demi-participation » à Schengen représente un manque à gagner annuel de 834 millions d'euros pour la Bulgarie et de 2,32 milliards d'euros pour la Roumanie. Actuellement, les camions et travailleurs frontaliers peuvent attendre jusqu’à 20 heures aux frontières terrestres, selon la Chambre des transporteurs bulgares. Toutefois, en Bulgarie, l’état médiocre des infrastructures, telles que les routes étroites, les autoroutes mal entretenues, le faible nombre de ponts sur le Danube, et les chemins de fer vétustes, pourraient limiter ces avantages. Côté tourisme, une augmentation des voyageurs vers la Grèce, pays voisin, est espérée.



Espace Schengen : un avenir incertain ?


Plusieurs pays membres de l’espace Schengen, tels que la France, l'Allemagne, l'Autriche et les pays scandinaves, annoncent régulièrement la réintroduction de contrôles aux frontières intérieures, en ciblant parfois certaines zones spécifiques, comme l’a récemment fait le chancelier allemand Olaf Scholz à la frontière germano-polonaise. Le rétablissement des contrôles aux frontières de l'Allemagne annoncé par Berlin interroge sur le fonctionnement de l'espace de libre circulation européen, alors que les dérogations se sont multipliées ces dernières années dans les États membres. Toutefois, cela ne signifie pas que toutes les personnes traversant ces frontières sont systématiquement contrôlées. De nombreux voyageurs ayant franchi la frontière franco-italienne ces dernières années peuvent attester de l'absence de contrôles systématiques. En pratique, il est donc difficile de rétablir un contrôle total et permanent. Lors de l’annonce du rétablissement de contrôles à certaines de ses frontières intérieures, notamment avec la France depuis juillet 2024, l’Allemagne a évoqué un « contrôle intelligent », visant principalement les personnes perçues comme susceptibles d'être des migrants. Ce dispositif, destiné à freiner l’immigration irrégulière, est désormais intégré dans la réforme Schengen de juin 2024, qui autorise des contrôles pour « réduire l’immigration illégale ». La mise en œuvre de cette pratique suscite cependant des interrogations.




CONCLUSION :

Pour conclure, l’intégration complète de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen représente une avancée majeure pour ces nations, concrétisant un objectif poursuivi depuis leur adhésion à l’Union européenne en 2007. Malgré les réserves initiales de certains États, notamment l’Autriche, cette extension est porteuse de perspectives économiques prometteuses et devrait simplifier les échanges commerciaux. Néanmoins, l’avenir de l’espace Schengen reste fragile, en raison des contrôles frontaliers intermittents réintroduits par certains pays, reflétant les défis continus liés à la gestion des migrations et à la sécurité intérieure.

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