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L'invasion russe en Ukraine rebat les cartes pour le couple franco-allemand

  • Photo du rédacteur: Clarisse Doussaud
    Clarisse Doussaud
  • 24 oct. 2022
  • 3 min de lecture

Comme souvent depuis les premières relations du couple franco-allemand il y a soixante ans, il y a des tensions. Mais ces dernières tombent au plus mauvais moment. Vladimir Poutine pourrait y voir une faille dans le front uni qui lui fait face, sur fond de difficultés économiques héritées de la guerre en Ukraine.



Emmanuel Macron et Olaf Scholz



Un obstacle de plus pour Emmanuel Macron et Olaf Scholz

Si l’invasion de la Russie en Ukraine a complètement chamboulé l’équilibre européen, elle questionne aussi l'avenir de la relation franco-allemande. En effet, au-delà des différends personnels pouvant exister entre Emmanuel Macron et son homologue Olaf Scholz, les deux chefs d’Etat doivent faire face à une situation critique en Europe : le retour de la guerre. Le couple franco-allemand, censé incarner la stabilité et l’amitié en Europe se trouve donc désorienté, d'autant plus que les pays d’Europe centrale et orientale - principaux concernés et inquiétés par les actions militaires menées par la Russie - gagnent en importance dans les décisions prises à Bruxelles, en témoignent les discussions concernant leur potentielle adhésion à l’Union européenne. Déjà en 2014, lors de l’annexion de la Crimée par la Russie, les pays baltes et la Pologne reprochaient à la paire franco-allemande son inaction face à Vladimir Poutine. Tout cela remet ainsi en question l’idée que l’amitié entre la France et l’Allemagne soit le ciment de l’unité européenne.


Un couple pourtant ancien, qui a su relever de nombreux défis

Pourtant, l’amitié franco-allemande ne date pas d’hier et elle a su surmonter de nombreux obstacles. Plus que cela, cette relation est fondée sur la volonté de ne pas laisser de place au conflit en Europe. Avec le traité de l’Elysée en 1963, Charles de Gaulle et Konrad Adenauers'engagent à dépasser les préjugés qu’ils avaient l’un envers l’autre pour construire une alliance solide. Ce traité symbolique s’est par la suite matérialisé en actes. D’un point de vue économique d’abord, l’Allemagne devient le premier partenaire commercial de la France et certaines entreprises comme Airbus, Arte ou encore Eurocopter sont créées de manière conjointe. On peut aussi souligner le succès de réalisations dans le domaine de l’éducation ou de la culture comme l’Abibac, le programme Brigitte Sauzay ou les Instituts Goethe. Plus récemment, ces deux puissances ont renouvelé leur envie de coopérer. Le traité d’Aix la Chapelle de 2019 est pensé comme un approfondissement du traité de l’Elysée avec des engagements en matière de défense, d’économie et de culture

Avec le manifeste franco-allemand de 2019, Bruno Le Maire et Peter Altmaier affirment par ailleurs vouloir s’engager pour une politique industrielle européenne.


Mais des difficultés inhérentes et persistantes L’amitié franco-allemande ne serait-elle pas un leurre ? Dès l’origine, la question se pose car si le traité de l’Elysée a vu le jour, c’est avant tout pour assurer la sécurité et le pardon suite à la guerre.

Si la France et l’Allemagne coopèrent dans de nombreux domaines, on ne peut nier l’existence de rapports de force et d’inégalités de pouvoir sur plusieurs plans. La France possède par exemple l’arme nucléaire ainsi qu’un siège permanent à l’ONU, ce qui garantit son poids dans les relations internationales. Helmut Schmidt (ancien chancelier allemand) déclarait à ce propos lors d’un entretien au Monde en 2003 que “la France dispose d’atouts que les Allemands n’ont et n’auront jamais […]. Les Allemands ont besoins des Français un peu plus que les Français n’ont besoin des Allemands”. En revanche, les industries françaises sont fortement concurrencées par celles présentes de l’autre côté du Rhin. L’Allemagne est donc souvent considérée comme un “nain politique mais un géant économique”.

La France et l’Allemagne ne partagent pas non plus la même position en termes de politique étrangère. Sur le plan migratoire, Angela Merkel a massivement soutenu l’accueil de réfugiés, l’Allemagne est à ce jour le pays européen qui compte le plus d’immigrés. Pour ce qui est des enjeux diplomatiques, là encore leurs avis divergent : la France déplorait par exemple la retenue allemande vis -à -vis de la guerre en Libye en 2011. En 2019, Emmanuel Macron avait aussi appelé à la création d’une troupe d’intervention commune, ce à quoi l’Allemagne n’avait alors pas répondu. C’est dans son discours donné à Prague en août dernier, que Helmut Scholz s’est dit favorable à une Europe plus “souveraine” et “géopolitique” incitant à renforcer la défense militaire européenne. L’invasion russe en Ukraine fragilise donc encore un peu plus le couple franco-allemand. Reste à savoir si cette crise sera une opportunité pour renforcer leurs liens.

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