L'investiture de Donald Trump : un tournant dans la géopolitique mondiale ?

Le 20 janvier 2025, Donald Trump a officiellement été investi en tant que président des États-Unis. Cette nouvelle investiture soulève de nombreuses interrogations quant à l’orientation de la politique américaine et ses répercussions sur la scène politique mondiale. Entre un protectionnisme renforcé, un repositionnement vis-à-vis des alliés traditionnels et une attitude plus offensive vis-à-vis des puissances rivales, le retour de Trump marque-t-il une rupture radicale avec les équilibres géopolitiques actuels ?

Lors de l'investiture de Donald Trump, le 20 janvier, au Capitole

Un retour au nationalisme économique et politique

Dès son discours d’investiture, Donald Trump a réaffirmé sa volonté de mettre en place une politique nationaliste, conformément à sa devise « America First ». Cette prise de position se traduit par des mesures protectionnistes visant à relocaliser les industries aux États-Unis, à renforcer les barrières douanières et à limiter l'influence des organisations internationales, jugées contraires aux intérêts américains. Trump a laissé entendre qu'il pourrait revoir certains accords commerciaux, en particulier avec la Chine et l’Union européenne.

Sur le plan politique, Trump a promis une lutte contre l’immigration illégale, avec un renforcement des contrôles à la frontière sud et une reprise des politiques restrictives suspendues sous l'administration Biden. Il entend également réformer les lois sur l'asile et la migration économique afin de réduire le nombre d'entrées légales et renforcer l'autonomie des États dans la gestion des flux migratoires.

Sur le plan écologique, Trump prévoit également de rester fidèle à sa devise nationaliste en renforçant l'utilisation des ressources énergétiques américaines, à l'instar du charbon et du pétrole de schiste. Même si cela entame une régression vis-à-vis de la transition écologique. Cette volonté s'est d'ailleurs traduite par le retrait des États-Unis de l'accord de Paris pour le climat, une décision qui divise profondément la communauté internationale.

Un repositionnement diplomatique sous tension

La politique étrangère de Trump s'inscrit dans une logique de confrontation plutôt que de coopération. Les relations avec la Chine devraient être marquées par une intensification des sanctions économiques, notamment dans le domaine technologique et des semi-conducteurs. Trump pourrait également durcir la position américaine sur la mer de Chine méridionale, exacerbant ainsi les tensions dans la région Indo-Pacifique.

L’Europe risque de voir se creuser un fossé, notamment sur les questions de défense et de commerce. Trump a déjà exprimé sa défiance quant à l'OTAN, exigeant des alliés européens qu’ils augmentent considérablement leur contribution financière sous peine d’un retrait américain de certaines opérations. Une telle décision pourrait fragiliser la stabilité militaire du continent, tout en renforçant la position de la Russie, qui pourrait y voir une opportunité d’accroître son influence en Europe de l'Est.

De plus, au Moyen-Orient, la politique de Trump pourrait marquer un retour à une posture plus agressive envers l'Iran. Cette orientation pourrait relancer des tensions régionales, voire entraîner de nouveaux échanges militaires.

Des répercussions économiques mondiales

L’un des effets majeurs du retour de Trump concerne l’économie mondiale. La hausse des droits de douane, notamment envers la Chine et l’Europe, pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement internationales et créer un climat d’incertitude pour les marchés financiers. En outre, la remise en cause des accords de libre-échange, comme l’USMCA avec le Canada et le Mexique, pourrait entraîner des tensions commerciales accrues au sein même du continent nord-américain.

L’abandon des politiques climatiques menées jusqu'à présent risque également de freiner les investissements dans les énergies renouvelables, au profit des énergies fossiles. Cette orientation pourrait non seulement avoir un impact écologique mondial, mais aussi modifier le statu quo sur les marchés pétroliers en renforçant la position des États-Unis face aux producteurs du Moyen-Orient et de la Russie.

Enfin, la politique monétaire et budgétaire de Trump, basée sur des baisses d'impôts massives et une augmentation des dépenses militaires, pourrait creuser le déficit public américain et entraîner des fluctuations sur le dollar, avec des conséquences pour les économies émergentes et les marchés financiers internationaux qui utilisent principalement le dollar dans leurs transactions économiques. Certains experts craignent également un ralentissement économique global si les tensions commerciales venaient à se multiplier, affectant la stabilité des marchés et les perspectives de croissance à long terme.

Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis marque un tournant majeur dans la géopolitique mondiale. Son investiture ouvre une période d'incertitude qui pourrait redessiner profondément les relations internationales. Si certains y voient une opportunité pour l'Amérique de renforcer sa puissance économique et militaire, d'autres redoutent une instabilité marquée, aussi bien au sein des États-Unis qu'à l'échelle mondiale.