La découverte d'un gisement de terres rares en Suède : une opportunité pour l'Union Européenne
- Annabelle Fraysse
- 23 janv. 2023
- 3 min de lecture
En pleine visite des commissaires européens et d’Ursula von der Leyen en Suède, puisque c’est au tour du pays de prendre les rênes de la présidence tournante de l’UE, le gouvernement suédois a révélé une découverte majeure. En effet, il a annoncé en ce jeudi 12 janvier 2023, l’existence d’un gisement important de terres rares à Kiruna dans le nord du pays. La ministre suédoise de l’énergie a déclaré : « C’est vraiment un jour important pour la Suède et pour l’Union européenne » et a parlé de « découverte de premier ordre » pour l’organisation. Il est vrai que cette découverte ne pouvait pas mieux tomber pour l’UE.

Un gisement déterminant pour l’UE : une clé vers l’indépendance énergétique
La guerre en Ukraine l’a bien prouvé, la dépendance énergétique de l’UE envers la Russie concernant le gaz est insoutenable. Les pénuries de masques et de médicaments durant le cœur de la pandémie, les pénuries de semi-conducteurs qui ont fortement pénalisé l’industrie automobile européenne … : les exemples mettant en lumière la dépendance néfaste de l’UE envers la Chine ne manquent pas.
Il faut absolument que l’UE parvienne à s’émanciper de ces autocraties qui se servent de leurs ressources pour nous rendre vulnérables. C’est désormais un enjeu géopolitique pour l’UE.Le secteur de l’énergie et des minerais est l’un des domaines par lequel il faut commencer. En effet, 98% de la consommation européenne de terre rares provient de l’Empire du Milieu.
C’est pour cela que cette découverte pourrait être un réel atout pour l’UE afin de l’aider à retrouver sa souveraineté énergétique et technologique.
Mais aussi un outil pour accélérer la transition écologique dans l’UE
La possession de ces terres rares : l’europium, le cerium, le lanthane… est indispensable pour produire les batteries de véhicules électriques, les éoliennes, les nouvelles technologies ou encore les armements. C’est pour cela que ce gisement représente aussi un enjeu environnemental et économique fort pour l’UE.
En outre de l’aider à retrouver sa souveraineté, ce gisement lui permettrait donc de la soutenir dans sa transition écologique déjà entamée et dont elle veut devenir un moteur mondial. En effet, la vente de véhicule neufs à moteurs devrait être interdite d’ici 2035 d’après un accord acté en octobre 2022 par l’UE et la neutralité carbone devrait être atteinte en 2050. La production de voitures électriques devrait donc s’accélérer en Europe, ce qui va demander une augmentation de la production de batteries électriques par exemple. Ursula von der Leyen l’avait bien souligné en septembre 2022 lors de son discours sur l’état de l’UE :« Rien que nos besoins en terres rares vont être multipliés par cinq d'ici 2030 ». De plus, ces terres rares vont être aussi nécessaires à l’électrification des infrastructures et des transports un peu partout dans le continent.
Ce gisement, découvert par le groupe minier suédois LKAB et contenant un million de tonnes de terres rares selon certaines estimations, redistribue donc les cartes du jeu.
Une difficulté importante : l’exploitation de ce gisement
Cependant, accéder à ces terres rares demeure un autre enjeu de taille pour l’UE. En effet, entre son homologation, son exploitation et sa mise à disposition sur le marché, elles ne seraient pas disponibles avant une dizaine d’années, voire une quinzaine, ce qui retarde de manière considérable l’accession à son indépendance énergétique et à sa souveraineté technologique. Il faudrait donc que l’UE multiplie les partenariats pour diminuer petit à petit sa dépendance avant d’être autonome.
De plus, ce n’est pas la première fois qu’un gisement est découvert en Europe. En Espagne, l’institut géologique et minier national avait estimé la présence de 70 000 tonnes de terres rares, ce qui plaçait le pays comme le troisième potentiel du vieux continent. Toutefois, leur exploitation n’a jamais eu lieu car les projets ont été refusés. En effet, le gouvernement ou l’autonomie des endroits où se trouvaient ces gisements craignaient un impact environnemental néfaste trop important. Ça a par exemple été le cas du projet « Matamulas ». L’exigence bien connu des pays nordiques pour protéger leur biodiversité et leur ressource en eau près des mines pourrait donc également représentait un frein à l’accès à ces ressources. D’autant plus que si l’exploitation devient un jour possible la quantité présente ne représente qu’1% des ressources mondiales de terres rares estimées à 120 millions de tonnes par l’Institut d’études géologiques des États-Unis en 2021…
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