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La paix du monde est menacée

  • Photo du rédacteur: UN'ESSEC
    UN'ESSEC
  • 13 janv. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 juin 2023



La mort du général Soleimani, tête pensante des opérations extérieures iraniennes, assassiné par un drone américain le 3 janvier a fait basculer le monde dans la peur d'un nouveau conflit.

Une dangereuse montée des tensions


Les deux dernières semaines ont bouleversé l’échiquier géopolitique mondial et l’incertitude la plus totale règne sur l’avenir de la paix tant les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran ont été exacerbées. En effet, si les deux dernières années ont été marquées par une augmentation des déclarations hostiles, une multiplication des incidents impliquant les deux parties, les deux semaines passées ont fait évoluer le conflit vers un affrontement direct.

Le 27 décembre, à la suite de l’attaque d’une base américaine à Kirkourk par des roquettes, provenant des forces iraniennes, un Américain a trouvé la mort. A cette attaque les américains ont répondu promptement et fortement en bombardant les milices iraniennes et causant la mort de 25 personnes. Le climat s’est encore dégradé le 31 décembre puisque des milliers de miliciens pro iraniens s’en sont pris à la plus grande ambassade américaine au monde, celle de Bagdad. Le signal envoyé était extrêmement fort puisque d’une part il rappelle aux Américains les heures sombres de la révolution iranienne de 1979, et d’autre part il constitue une attaque directe aux Etats-Unis dans une des zones les plus sécurisées d’Irak. Ces événements, qui représentaient déjà un accroissement immense du danger, ne sont rien comparés à l’onde de choc provoquée par l’assassinat par un drone américain du général iranien Soleimani, patron de la force Al-Qods qui dirige les opérations extérieures de l’Iran, fidèle parmi les fidèles du régime depuis sa proclamation, et figure du régime pour la population. La dernière riposte provient de l’Iran qui le 8 janvier a bombardé de nouvelles bases américaines et dont les dégâts ne sont pas encore réellement connus.

Une double évolution qui exacerbe les tensions 


Tout d’abord, cette évolution procède d’un choix délibéré du président D. Trump. En effet, il semble loin le temps où les Américains avaient tenté, sous Obama, d’apaiser les tensions avec l’Iran, et étaient parvenus, grâce au soutien des Européens, à signer un accord historique à Vienne en 2015, l’accord 5+1. Cet accord profitait aux deux partis puisqu’il permettait à l’Iran de réintégrer les relations internationales et ainsi améliorait une économie rendue exsangue par les sanctions américaines tandis que les Américains endiguaient le projet nucléaire iranien.

Or, depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump les positions ont radicalement évolué. Ce dernier a, tout d’abord, choisi la confrontation verbale, en multipliant les tweets hostiles avant de dénoncer le traité qui liait les deux camps en mai 2018.


Le retrait de l’accord de Vienne couplé à l’augmentation de la pression américaine sur le régime a contribué à une multiplication des incidents entre les deux Etats (on peut notamment citer des attaques de supertankers dans le détroit d’Ormuz en juin 2019 attribuées aux Iraniens).

En outre, la situation en Irak, principal théâtre des affrontements entre les deux belligérants, a largement contribué à l’augmentation des tensions. En effet, l’Irak est un pays stratégique puisque les Etats-Unis y sont présents depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003 grâce à un contingent de 5200 militaires, tandis que les Iraniens y ont développé leur influence ces dernières années en finançant des milices favorables à leurs intérêts. C’est pourquoi, lorsque la révolte de ces derniers mois en Irak contre la corruption du régime a pris un tournant anti-iranien le régime s’est senti agressé dans un de ses bastions et s’est senti obligé de riposter.


Le pire ou la raison


Le scénario du pire semblait jusqu’à récemment être le moins probable. En effet, Donald Trump vilipendait sans cesse lors de ses meetings les guerres sans fin menées au Moyen-Orient par les Etats-Unis tandis que le gouvernement des Mollahs ne semblait pas en mesure de combattre la puissance américaine. Cependant, le contexte a changé : le régime a annoncé qu’il ne respecterait plus ses engagements sur le nucléaire tandis que Donald Trump a récemment tweeté « L’Iran n’aura jamais la bombe nucléaire ». Ces deux positions antagonistes qui font fi de l’accord de 2015 semblent purement irréconciliables et si la voie diplomatique ne constitue plus une option il ne reste que deux possibilités aux Américains : soit accepter que l’Iran possède la bombe nucléaire, soit bombarder le pays et s’engager dans une de ces guerres que D. Trump a tant critiqué. Le régime iranien semble donc détenir la clé : s’il estime que Trump bluffe dans ses menaces et réalise sa bombe afin d’améliorer sa position et ainsi se maintenir à la manière du régime coréen, il s’expose aux représailles de D. Trump, s’il joue de la menace nucléaire il peut tenter de réintégrer les relations internationales mais restera à la merci des décisions erratiques du président américain.

La situation est donc plus complexe que jamais, les Européens, ex-moteurs de l’accord, ne semblent plus en mesure de peser sur le conflit. L’issue pourrait donc bien être la guerre à moins que la perspective du pire qui ne convient à personne effraie les acteurs juste avant de s’engager.


Par Pierre Mouniq

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