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La politique migratoire de la Suède, un incontournable européen

  • Alexandre Lacouture
  • 6 déc. 2023
  • 3 min de lecture

Alors que le taux de pauvreté et le taux de chômage des immigrés en Suède sont au plus haut, le gouvernement tend vers l’expulsion systématique des moins intégrés et donc des plus pauvres. Fin novembre 2023, il déclarait ainsi que les migrants devaient adopter un mode de vie honnête sous peine d’expulsion. Comment la Suède, autrefois terre d’accueil, en est-elle venue à adopter une pareille posture ? 



Jimmie Akesson, leader du parti d'extrême droite, Démocrates de Suède



Comment la Suède a opéré un revirement de sa politique migratoire ?

Depuis 2012, la Suède a accueilli environ 800 000 personnes, soit 10 % de sa population citoyenne, dont 163 000 lors de la crise migratoire de 2015. Pourtant depuis cette crise, la politique d’ouverture massive des frontières s’est progressivement durcie, en particulier en 2018. En effet la question migratoire a été centrale lors des élections législatives de 2018 et le parti en place à cette époque, les sociaux-démocrates, a pérennisé les durcissements initiaux par clientélisme face à la montée en pouvoir de l’extrême droite suédoise, les Démocrates de Suède. Ainsi les contrôles aux frontières sont instaurés définitivement, le regroupement familial réduit et un quota de 14 000 réfugiés instauré. Dernier coup de théâtre, en 2022, les Démocrates de Suède sont élus aux législatives avec la branche conservatrice du Partie modéré et prolongent encore ce dispositif. Depuis le 1er novembre, des centres d’expulsions ont été créés et les conditions d’obtentions du visa de travail durcies, plaçant 15 000 personnes en position de se faire expulser. Ils vont jusqu’à envisager un quota de réfugiés de 900 personnes.


En quoi cela est-il révélateur d'une tendance européenne ?

Les mesures prisent par la Suède sont en effet un idéal-type européen au sens de Weber. C’est la Suède qui a connu la plus grande variation du nombre de migrants accueillis et qui, parmi les premiers, a adopté un discours radical sur sa politique migratoire. Dans son sillage, les pays européens les plus importants comme la France, l’Italie et l’Allemagne durcissent le ton de la même manière. Le discours commun est maintenant celui de la sélection. En effet les pays européens les plus développés recherchent de la main d’œuvre dans cette immigration. Ils prônent donc un flux restreint mais qui doit permettre une meilleure intégration et un taux de chômage plus faible parmi les populations immigrées. Le chancelier allemand parlait ainsi de distinguer l’immigration de travail des autres et souhaitait expulser plus facilement les personnes sans droit de séjour. Cependant, comme en France avec le projet de loi immigration, les mesures prises restent bien en deçà du changement de cap suédois. 


Quel rôle doit jouer l'Union européenne ?

Malgré la volonté croissante des nations européennes de limiter le nombre d’entrées illégales en Europe, le fait est que le nombre de migrants, en particulier pour des raisons climatiques, devrait drastiquement augmenter. Ainsi, afin de gérer au mieux les vagues à venir, les États collaborent au niveau européen pour renforcer les frontières extérieures et améliorer la prise en charge et la répartition des flux migratoires en Europe à travers le pacte européen sur la migration et l’asile. Il a aussi été nécessaire d’instaurer un système qui répartisse les migrants en Europe sur un commun accord car tous les pays n’ont pas la même attractivité. L’Allemagne demeure ainsi la plus attractive avec 41 % des demandes d’asile qui y ont été réalisées en 2022.  Le système actuel n’est pas respecté par certains pays, comme l’a montré la crise Lampedusa en septembre. Cependant la mise en place de cette harmonie est menacée par la montée en puissance de l’extrême droite dans de nombreux pays européens. En effet, outre le fait que ce bord politique demande au niveau national des politiques migratoires plus fermes, ils ont tendance à désigner l’Union européenne comme une institution illégitime qui nuit à la souveraineté nationale. Dans ces conditions, aboutir à un consensus fort semble très difficile. La distance de la Suède avec l’Europe est d’ailleurs flagrante au regard de son refus d’adopter la monnaie unique puis plus tard de soutenir l’effort de relance européen post-Covid-19. L’arrivé au pouvoir des Démocrates de Suède promet de ne pas arranger la situation.

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