Le retour des incertitudes sur la scène politique autrichienne
- UN'ESSEC
- 30 sept. 2019
- 3 min de lecture

Le jeune conservateur Sebastian Kurz a remporté les élections législatives autrichiennes de ce dimanche 29 septembre, signant son probable retour à la chancellerie.
Le scandale de l'Ibizagate
Quatre mois après avoir été renversé par le scandale de l'Ibizagate, qui a poussé son allié du FPÖ à quitter le gouvernement, l'ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz, a réussi son pari. Son parti conservateur (ÖVP) a obtenu environ 37% des suffrages aux élections législatives de ce dimanche.
En décembre 2017, la coalition entre l’ÖVP, le parti d’extrême droite (le FPÖ) et les Verts se présentait comme un modèle inédit pour l'Europe, aux prises avec la montée des nationalismes. Finalement cette coalition n’aura tenu que 18 mois. En cause, une vidéo compromettante pour le chef du FPÖ et numéro deux du gouvernement Heinz-Christian Strache, mettant en lumière des scandales de corruption liés à la Russie.
Les Autrichiens ont choisi de sanctionner le parti populiste de droite pour ce scandale, avec une perte de 10 points par rapport au scrutin de 2017, à environ 16%. Il arrive derrière les sociaux-démocrates qui prennent la seconde place avec environ 22% des voix.
Une victoire majeure
Le chancelier sortant Sebastian Kurz, est arrivé largement en tête des élections législatives autrichiennes, avec 37 % des voix, au-delà des estimations des sondages. Avec ce score, il se place loin devant ses opposants sociaux-démocrates qui obtiennent à peine 21,7 % des voix. Il est donc assuré de garder son poste, même s'il se pose désormais le problème de la coalition.
Malgré le scandale qui a touché son gouvernement l’image du chancelier ne semble pas avoir été ternie. Le chef des conservateurs autrichiens est sorti avec une popularité inaltérée de la tempête qui a emporté, en mai, son premier gouvernement formé avec le parti d'extrême droite FPÖ. Et il a même réussi à réaffirmer sa domination sur les autres partis politiques autrichiens.
Derrière son parti, les Verts, signent un retour en force au Parlement avec un score historique de 14 % et font figure de partenaire privilégié pour former une coalition. Mais les négociations devraient durer plusieurs mois afin de trouver une entente pérenne pour le pays.
Des négociations compliquées
Du fait d’une campagne très à droite, il ne sera pas évident pour le chef des conservateurs de convaincre les Verts de gouverner avec lui. Cette forme de coalition existe déjà au niveau régional, mais n’a jamais été testée au niveau national.
A la différence de 2017, Sebastian Kurz possède plusieurs options pour former une coalition même si aucune n’apparait vraiment comme idéale à ses yeux. Toutes ces variantes sont risquées et laissent présager de longues semaines de négociations pour l'ex-chancelier, qui a promis à ses électeurs un retour à la stabilité.
Premièrement, il peut renouer une alliance avec l'extrême droite, mais les résultats et l’image associée à ce parti suite au scandale posent question. Il peut aussi revenir à une coalition avec les sociaux-démocrates mais cette formule semble usée par des décennies de cogestion. Enfin, il peut opérer un virage à 180 degrés en s'alliant avec les écologistes et les libéraux.
Durant la campagne, les enjeux climatiques ont remplacé la question migratoire qui avait dominé les législatives de 2017. L’Autriche connait actuellement de fortes mobilisations autour de ces questions environnementales. Vendredi, elle a connu sa plus forte mobilisation en faveur du climat, avec plus de 150.000 personnes dans les rues.
Sebastian Kurz semble avoir adapté quelque peu son opinion, au sujet de la question migratoire, pour pouvoir se rapprocher d’autres partis pour former sa coalition. Il a ainsi fait des propositions sur les sujets environnementaux, après avoir pourtant incarné la fermeté sur l’immigration. Il se positionne ainsi en faveur d’une « écologie conservatrice ».
Les Verts se disent prêts à discuter d’une alliance avec les conservateurs et les libéraux du parti Neos, mais les concessions de part et d’autre devraient être si nombreuses, sur l’environnement et l’immigration notamment, que ce scénario laisse beaucoup d’observateurs sceptiques. Une coalition entre trois partis serait une première en Autriche.
Par Antoine Argenson
Comments