Libération du fils d'El Chapo au Mexique, quel rapport de force entre cartels et autorité étatique ?
- UN'ESSEC
- 21 oct. 2019
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 juin 2023

Jeudi dernier, un cartel de Culiacan s'est livré à de violents affronts dans le but de libérer un des fils d'El Chapo, célèbre baron de la drogue, qui venait pourtant d'être arrêté par les autorités mexicaines.
Des barons de la drogue à l'influence plus que palpable
Après plusieurs tentatives d'évasion, Joaquín Guzmán, alias "El Chapo" se fait finalement arrêter et condamner à perpétuité pour trafic de stupéfiants. La détention de celui que Forbes nommait parmi les personnes les plus influentes dans les années 2010 n'empêche cependant pas les cartels de la drogue d'influencer le quotidien des mexicains.
Le 17 octobre dernier, alors que les autorités venaient juste d'arrêter un de ceux que l'on désigne comme héritiers d'El Chapo, elles ont été contraintes de battre en retraite afin de protéger les civils alors exposés à de violents affronts. En effet, à l'annonce de l'arrestation voire même du meurtre potentiel d'Ovidio Guzman Lopez, des civils armés ont fait irruption dans l'Etat de Sinaloa, semant le chaos et paralysant la ville.
Le rapport de force dans ces zones semblent alors s'inverser et remettent en cause l'influence des autorités dans un "narco estado" tel que le Mexique. Les cartels ont-ils plus de poids que l'Etat lui-même ?
Une conjoncture fragilisée, un pays entre violence et narco-trafic
Une violence terrifiante résulte de la guerre que l'Etat entreprend contre le narco-trafic. 2017 fut l'année la plus violente depuis une vingtaine d'années. On comptabilisait alors plus de 25 mille morts du fait du narco-trafic, soit près de 70 personnes par jour, incluant trafiquants mais aussi civils.
Si cette situation menace l'équilibre intérieur, cela a d'autant plus de répercussions sur les civils puisque le pays en voit son tourisme particulièrement affaibli. C'est ainsi la conjoncture économique entière du pays qui s'en retrouve menacée.
Il faut toutefois remarquer que la violence est non seulement issue du narco-trafic mais également des inégalités qui découlent d'un système étatique défaillant. Si l'ex-président Enrique Peña Nieto en a payé les pots cassés, c'est bien parce que la population ne supporte plus la corruption et les inégalités qui ne cessent de croître du fait des malversations d'argent et des pots de vins que perçoivent les autorités. Il y a donc un réel besoin de refonder les institutions si le pays tend à retrouver son équilibre social et économique.
AMLO, le président du renouveau ?
Lors du processus électoral de juillet 2019, Andres Manuel Lopez Obrador s'est fait élire sur la promesse de mener une lutte acharnée contre le narco-trafic et de venir à bout de ce climat d'insécurité auquel la population est quotidiennement confrontée. L'arrestation du fils d'El Chapo a d'ailleurs été impulsée dans cette même lignée.
Si le nouveau président s'est lancé dans une chasse à la corruption mais aussi dans la lutte contre le trafic d'essence, son principal problème demeure être la violence issue du trafic de drogue. Le Mexique est une plaque tournante du narco-trafic, entre la Colombie, un pays largement connu pour être producteur de coca, et les Etats-Unis par exemple.
La veille, AMLO avait ainsi mis en place une stratégie sécuritaire et appelé les cartels de la drogue à déposer les armes. Mais "la capture d'un criminel ne peut valoir plus que la vie des gens" avait-il annoncé à la suite de l'échec de l'opération du 17 octobre, mettant en avant la difficulté des autorités à s'imposer comme telles face à une délinquance plus qu'organisée.
L'influence des cartels aujourd'hui est donc telle qu'elle met à mal la possibilité pour les autorités de rétablir l'ordre au sein de la société.
Par Christelle Chabane
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