Midterms 2022 : les démocrates parviennent à sauver les meubles
- Anaëlle Jollivet
- 21 nov. 2022
- 4 min de lecture
Alors que les analystes attendaient une vague rouge lors des Midterms qui se sont tenues le 8 novembre 2022 aux États-Unis, les résultats ont été bien plus nuancés. Les Démocrates sont parvenus contre toute attente à conserver leur majorité au Sénat, mais pas à la Chambre des Représentants.

Loin de la déroute attendue, Joe Biden limite très largement la casse
Alors qu’habituellement les présidents américains perdent leur majorité lors des élections de mi-mandat, Joe Biden a déjoué les pronostics en parvenant à conserver sa majorité au Sénat. La nouvelle a été annoncée dans la soirée du 12 novembre aux Etats-Unis, alors que les résultats ont tardé à se faire connaître dans de nombreux États. C’est le Nevada qui a permis aux Démocrates de conserver leur majorité. La sénatrice Catherine Cortez Masto, déjà en place depuis 2016, l’a emporté devant le Républicain Adam Laxalt, membre du mouvement MAGA (« Make America Great Again »).
L’un des thèmes les plus abordés lors de la campagne fût celui de l’avortement, donnant une portée nationale à l’élection.Ce thème a joué un rôle important dans de nombreux États et a souvent joué en faveur des candidats démocrates. Grâce à cette majorité, les Républicains ne pourront pas introduire de lois fédérales qui interdiraient l’avortement comme c’est le cas dans certains États. Un siège reste encore à pourvoir, celui de Géorgie où un deuxième tour doit se tenir le 6 décembre prochain, mais dans tous les cas, les Démocrates sont assurés d’avoir la majorité au Sénat dans un pays plus qu’adepte du bipartisme. En effet, si le Sénat se divisait en 50-50, ce serait à la vice-présidente, Kamala Harris, d’apporter la voix décisive comme elle le fait déjà depuis son investiture.
Néanmoins, la victoire démocrate est à relativiser, car la Chambre des représentants a été perdue (les Démocrates ont perdu 9 sièges, tombant à 212 contre 218 sièges Républicains), confirmant la fracture politique et idéologique qui divise le peuple américain. De plus, une victoire lors des Midterms n’a pas toujours été par le passé de bon augure. En ce qui concerne les trois derniers présidents, Clinton comme Obama avaient perdu de nombreux sièges lors des élections de mi-mandat (respectivement 54 et 64 à la Chambre des représentants) mais avaient été réélus deux ans plus tard alors que Carteravait limité la casse (seulement 15 sièges de perdus) mais avait perdu en 1980 face à Reagan. Le plus dur reste donc à faire pour Joe Biden et Kamala Harris.
Déception pour les Républicains, la faute à Trump ? Si cette élection reste au mieux décevante et au pire un échec pour l’ensemble du parti républicain qui aurait pu prendre le Congrès, il s’agit pour Donald Trump d’une troisième défaite consécutive après les élections de mi-mandat en 2018 et la présidentielle en 2020.
L’ancien président est par conséquent de plus en plus pointé du doigt par son propre camp comme le responsable de ces échecs. Ainsi la Fox, chaîne historiquement proche du parti républicain, dénonce Trumpcomme « the biggest loser » (le plus gros perdant) de l’élection.Les candidats choisis par le milliardaire auraient davantage été choisis pour leur loyauté que pour leurs compétences. Par exemple, la victoire de la sénatrice Maggie Hassan contre le Républicain Dan Bolduc est l’une des nombreuses victoires démocrates face à un candidat choisi par Trump, dans un État où une victoire du GOP était clairement possible. Mais malgré ces reproches faits par son propre camp, Donald Trump a révélé le 15 novembre dernier sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 pour rétablir “l’âge d’or de l’Amérique”.
La montée en force d’une nouvelle voix au sein des Républicains
Le Républicain qui sort renforcé de cette élection, c’est Ron DeSantis qui a été réélu gouverneur de Floride. Déjà principal rival de Trump pour l’investiture républicaine en 2024, le fait d’obtenir plus de 58 % des voix renforce encore sa crédibilité. Il l’a ainsi emporté dans certains districts floridiens encore acquis à Biden en 2020.
Supporter de Trump à la première heure, DeSantis fait lui aussi partie de l’aile conservatrice du parti républicain. Il est opposé au droit à l’avortement, est le signataire de la loi dite « Don’t say gay », est partisan du port d’armes presque inconditionnel et a longtemps été climatosceptique. Ce sont ces opinions qui lui ont apporté la victoire. Le discours qu’il a prononcé seulement quelques minutes après l’annonce de son élection laisse clairement la porte ouverte pour 2024 puisqu’il a déclaré qu’il avait « seulement commencé à combattre ». Avec lui à sa tête, le parti républicain conserverait donc sa ligne dure et ultra-conservatrice.
Ainsi, les élections les Midterms pourraient bien donner un nouvel élan pour la politique étasunienne en vue des élections présidentielles à venir dont la campagne devrait commencer dans les mois à venir pour les deux partis. Les Démocrates doivent trouver le moyen d’encore plus profiter du rejet républicain qui semble émerger chez une partie de la population. De leur côté, les Républicains, partagés entre Trump et DeSantis, doivent progressivement dessiner la voie qu’ils souhaitent suivre en 2024 s’ils veulent l’emporter.
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