Namaste Trump
- UN'ESSEC
- 3 mars 2020
- 2 min de lecture

D’un côté, un tapis rouge pour accueillir Donald et Melania. De l’autre, des rues ensanglantées par des violences intercommunautaires à New Delhi.
Un tapis rouge sang C’est dans le plus grand stade de cricket du monde, à Ahmedabad en Inde, qu’a eu lieu une grande démonstration d’amitié de deux jours entre Donald Trump et le Premier Ministre indien Narendra Modi. Le meeting, nommé « Namaste Trump » (Bienvenue Trump) a été tenu en l’honneur de sa visite officielle en Inde ce lundi 24 février. Plus de 100 000 personnes ont tenu à assister à la conférence confirmant l’entente liant les deux dirigeants, malgré les tensions commerciales entre les Etats-Unis et l’Inde, dues au protectionnisme indien que Trump pense exagéré. « America loves India. America respects India. », a déclaré Trump sur fond de chanteurs et danseurs locaux. Pendant que la chorégraphie prenait place, la réalité était tout autre dans les rues de New Delhi : certains quartiers populaires à majorité musulmane étaient le théâtre d’affrontements sanglants, affrontements qui ont fait au total plus de 25 morts ces dernières semaines. Les violents affrontements de la capitale visaient les opposants à la nouvelle loi de citoyenneté indienne ; et ont été particulièrement significatifs puisqu’il n’y avait pas eu de telles violences à New Delhi depuis plus de 30 ans. Pourtant, pendant le meeting, aucun des deux leaders n’a mentionné la situation, préférant parler des relations entre leurs deux pays plutôt que de Delhi en flammes. Le Président américain a ensuite fini sa journée de manière romantique, en rejoignant sa compagne à Agra pour aller voir le coucher de soleil sur le Taj Mahal.
Une loi de citoyenneté controversée
C’est le nouvel amendement du texte de loi sur la citoyenneté indienne qui a suscité ces déchaînements de violence antimusulmane dans la capitale indienne. Ce texte de loi adopté le 11 décembre dernier prévoit de faciliter l’acquisition de la citoyenneté indienne par les réfugiés d'Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan arrivés avant 2015, à l'exception des musulmans. De nombreux indiens ont donc manifesté contre cette discrimination des musulmans, malgré les interdictions de rassemblement que l’Etat indien a formulées. C’est lors de ces manifestations à l’origine pacifiques que les choses ont dégénéré, puisque certains manifestants plus virulents que la moyenne ont incité la police à intervenir, une police qui s’est mis peu à peu à utiliser la violence et à mener ce que l’opposition a qualifié de « répression brutale ». C’est dans ce climat de violence menée par les forces de l’ordre que des musulmans se sont également fait lyncher par des extrémistes hindous dans certains quartiers du Nord de la capitale. C’est ainsi que le bilan ces dernières semaines en Inde s’est élevé à plus de 25 morts. Cependant la rare violence observée à New Delhi depuis quelques jours ne doit pas être vue comme un épiphénomène, mais comme le prolongement d’une haine des musulmans qui s’est renforcée depuis plus de 6 mois, c’est-à-dire depuis la réélection de Narendra Modi en tant que Premier Ministre de l’Inde en mai 2019. Cette islamophobie croissante est le fruit de discours d’extrémistes hindous du BJP, le parti de Narendra Modi, qui tentent d’imposer leur vision de l’Inde, une Inde hindouiste, qui rejetterait donc les musulmans. La situation actuelle est donc préoccupante, d’autant plus que le bilan des musulmans morts par lynchage continue de s’alourdir.
Par Estelle Louviot
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