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Pour la première fois l'extrême droite gouvernera un pays fondateur de l'UE : l'Italie

  • Photo du rédacteur: Camille Vantelon
    Camille Vantelon
  • 10 oct. 2022
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 juin 2023

Le 26 septembre dernier, la coalition de droite et d'extrême droite menée par le parti Frattelli d’Italia (FDI) remporte les élections législatives italiennes avec plus de 44% des suffrages. En France, Eric Zemmour (Reconquête!) et Jordan Bardella (Rassemblement national) ont salué la victoire de Giorgia Meloni, leader du FDI. C’est la première fois qu’un pays fondateur de l’Union européenne sera gouverné par l’extrême droite.



L'ascension de Giorgia Meloni aux rênes du pouvoir


Cette élection intervient dans un contexte d'instabilité gouvernementale, une marque de fabrique italienne. En juillet 2022, le chef du gouvernement Mario Draghi, avait proposé un texte de loi pour la relance économique, qui n'avait pas été accepté par ses alliés de la coalition gouvernementale, le parti populiste du Mouvement 5 étoiles (M5S).


L'ex premier ministre et ancien président de la Banque centrale européenne Draghi s'est vu contraint de démissionner, son gouvernement ayant perdu en légitimité politique. Le président italien a ensuite dissous le parlement et provoqué des élections anticipées.


Mario Draghi été devenu premier ministre en février 2021 pour gérer la crise sanitaire et économique italienne. 

Giorgia Meloni, leader du parti gagnant des élections législatives, succède ainsi à la faillite de l'exécutif de Mario Draghi. Sa coalition, une alliance des droites, se compose de la Ligue, Fratelli d'Italia (tous deux d'extrême droite) et Forza Italia (droite). Meloni va cependant devoir trouver un terrain d’entente car les partis qui composent la coalition, bien qu’étant de droite, ont des ambitions différentes. De plus, son élection intervient dans un contexte difficile, celui de la crise ukrainienne qui touche fortement l’Italie, dont 20% de la consommation énergétique primaire dépend du gaz russe.


La preuve d'un désamour entre l'Italie et l'Europe


Cette élection est sans précédent dans l'histoire de l'Union européenne. C'est la première fois qu'un parti eurosceptique arrive à la tête de l'exécutif d'un pays fondateur : en effet, l’Italie fut un des six membres qui fondèrent la CEE. Néanmoins, l'Italie est un cas particulier parmi les pays à l'origine de la construction européenne. Face à un couple franco-allemand influent, le pays avait dû trouver ses propres alliances : Espagne, Royaume-Uni, et États-Unis (les Italiens avait soutenu l’intervention américaine en Irak en 2003).


À partir des années 2010, l'euroscepticisme attire de plus en plus de partisans italiens, et ce notamment à cause d'évènements qui ont fragilisé la relation entre l'Italie et l'UE. En 2015, l’Italie a dû supporter quasiment seule (avec la Grèce) l’afflux de migrants en provenance des côtes libyennes. En effet, le plan de relocalisation des réfugiés mis en place par l’Union européenne s’est vu échouer face au refus du groupe de Višegrad d’accueillir leur quota de migrants. Sans compter l'épisode de 2017, pendant l'épidémie du covid-19, où les demandes de masques de l'Italie, confrontée à des pénuries majeures dans ses hôpitaux, se sont retrouvées sans réponse face à ses partenaires européens. Cette même année en mars, les pays de l’UE s'étaient retrouvés pour commémorer le Traité de Rome et pour redonner une ligne conductrice à la construction européenne, sans grand résultat.

Le Traité de Rome ratifié en 1957 instaure à travers la CEE le marché commun et des politiques communes en matière de concurrence, d’industrie et d’agriculture. Ce renforcement des liens économiques entre États-membres multiplie le commerce intercommunautaire par 6.

Un front eurosceptique peut-il voir le jour au sein de l'Union ?


Bien que ce soit une première pour un pays fondateur de l'UE d'être gouverné par un parti d'extrême droite, ce n'est plus un cas isolé parmi les 27. En effet, l'Italie rejoint le club de la Suède, la Pologne et la Hongrie. En particulier, l'élection fait écho à l'accession récente au pouvoir de Jimmie Åkesson en Suède, le leader de la formation d’extrême droite Les Démocrates de Suède. D'ailleurs les deux leaders se ressemblent : ils ont la quarantaine, affichent le même soutien à l'OTAN et veulent prioriser l'action publique vers la "lutte contre l'immigration", le souverainisme et la préservation des traditions.


Un front anti-européen pourrait-il alors naître en Europe ? La réponse n'est pas si facile. En effet, une convergence des extrêmes droites a toujours été difficile au sein l'UE : “Il y a toujours eu une mauvaise coordination des extrêmes droites au sein du Parlement européen. On en revient au fait que ce sont des nationalistes, et qu’ils sont mus par un égoïsme national qu’ils n’arrivent pas à dépasser”, explique Nicolas Lebourg, chercheur au Centre d’études politiques de l’Europe latine à l’université de Montpellier et au CNRS (Public Sénat). Qui plus est, Giorgia Meloni avait été claire dans sa campagne : pas de sortie de l’UE ni de la zone euro.


Par ailleurs, au vu de la situation économique italienne (2ème pays de la zone euro le plus endetté : 150% du PIB), les ambitions anti-européennes du FDI seront sûrement mises en sourdine par les 192 milliards d’euros dont bénéficiera l’Italie grâce au plan de relance européen. En effet, l'Italie avait été le pays le plus affecté de l'UE par la crise sanitaire : c'est pourquoi elle sera le premier bénéficiaire des prêts et subventions du plan de relance.




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