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Quel avenir pour le système financier américain ?

  • Zoé Delberghe
  • 22 mai 2023
  • 4 min de lecture

Les banques américaines font face à une période difficile alors que trois d'entre elles ont récemment fait faillite en 2023. Les faillites de Sylvergate Bank, Silicon Valley Bank et Signature Bank ont secoué le système financier américain et ont suscité des préoccupations quant à la stabilité économique du pays.



Jerome Powell, président de la Fed



Les causes de ces faillites

Tout d’abord ces faillites sont dans un premier temps dues en grande partie à une mauvaise gestion des risques et à un problème de liquidité. En effet, suite à la crise de 2008, la réglementation du secteur bancaire devait permettre d’éviter que de telles situations se reproduisent, les banques Sylvergate Bank et la banque Signature Bank ont toutes deux connu un gros problème de gestion des risques. La FDIC, qui est l'agence fédérale de garantie des dépôts bancaires aux États-Unis, a signalé des préoccupations concernant la gestion des risques des banques américaines. Dans son rapport sur les risques bancaires de 2023, la FDIC a noté que certaines banques n'avaient pas correctement évalué les risques liés aux prêts, notamment dans les secteurs de l'immobilier commercial et des prêts à effet de levier. Plus précisément, les banques ont été accusées d'avoir accordé des prêts à des entreprises en difficulté financière ou à des projets immobiliers risqués, sans évaluer correctement les risques de défaut de paiement. Ces prêts risqués ont exposé les banques à des pertes importantes lorsque les emprunteurs ont fait défaut sur leurs paiements, ce qui a contribué à leur faillite.


De plus, les récentes difficultés du secteur de la tech aux US, peuvent aussi expliquer les faillites de ces banques Américaines. En effet la Sylvergate Bank, la SVB et la signature Bank avaient toutes les 3 une présence accrue dans le secteur de la technologie et dans le secteur des cryptomonnaies. La tech, fleuron de la croissance Américaine, a récemment connu des difficultés et une forte volatilité. En effet des plans de licenciement massifs ont eu lieu dans ces secteurs, à l’image de l’entreprise Twitter. Les valorisations boursières de ces entreprises ont alors subi des baisses significatives. Ainsi, les banques très présentes dans cet écosystème ont souffert de ce ralentissement et se sont trouvées exposées à de nombreux risques qui ont conduit à d’importantes pertes.



Les conséquences économiques et la réaction de la FED

Les faillites de ces trois banques ont eu des conséquences économiques majeures, les faillites de SVB et de Signature constituent respectivement les deuxièmes et troisièmes plus grosses faillites bancaires américaines.La Signature Bank disposait de 110 milliards de dollars d’actifs et de 88 milliards de dollars de dépôts. Quant à SVB, ses dépôts atteignaient 173 milliards de dollars et ses actifs étaient estimés à 209 milliards de dollars, ce qui en faisait la seizième banque des Etats-Unis. Selon les estimations, les pertes liées à ces faillites pourraient atteindre plusieurs milliards de dollars, en effet les actionnaires et certains dépôts de garanties ne seront pas protégés et pourraient encaisser une perte de 65 milliards de dollars. En outre, les faillites ont eu un impact sur le marché boursier, créant une perte de confiance quant à la stabilité de l’économique américaine. Entre le 3 et le 16 mars 2023, le cours boursier de First Republic Bank (FRB), la 14ème banque des Etats-Unis par le montant de ses actifs (212 milliards de dollars fin 2022), a enregistré un effondrement de 72,2%.


En réponse à ces événements, la Réserve fédérale a décidé de racheter les banques en difficulté pour éviter de créer un scénario de crise systémique. Goldman Sachs a été choisie pour racheter Sylvergate Bank, Silicon Valley Bank et Signature Bank. Cette décision a été prise pour éviter une contagion financière et pour maintenir la stabilité du système financier américain mais elle a également suscité des préoccupations quant à la concentration du pouvoir financier entre les mains d'un petit nombre de grandes banques et donc à la création d’un risque systémique face à ces banques « too big to fail ».



Les faillites de ces banques soulèvent des questions importantes sur la stabilité économique actuelle

Ces événements soulèvent des préoccupations quant à la réglementation financière et à la surveillance des banques. Les régulateurs financiers ont été critiqués pour ne pas avoir suffisamment surveillé les pratiques de risque des banques et pour avoir permis la croissance rapide de certaines banques, malgré les signes de problèmes financiers potentiels. En effet à la suite de la crise financière de 2008 et de la faillite de la banque Lehman Brother, de nouvelles réglementations avaient été mises en place pour essayer de limiter les risques financiers. Les critères de stabilités mis en place par le comité de Bâle III devaient permettre d’éviter le retour d’une telle situation d’instabilité, or ces nouvelles faillites viennent remettre en question la légitimité et l’efficacité de ces réglementations. Certains économistes comme Jézabel Couppey-Soubeyran lancent depuis des années des signaux d’alerte quant à la nécessité de renforcer les réglementations du système bancaire. En outre, les faillites de ces banques peuvent être un signe précurseur d'une crise financière à venir. En effet les trois banques Américaines ne sont pas les seules à avoir connues de telle difficulté, le Crédit Suisse, a également connu des problèmes financiers importants en 2023, ce qui a conduit à une réduction de la valeur de ses actions et à la démission de son PDG.

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