Un démocrate, deux démocrates
- UN'ESSEC
- 17 févr. 2020
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Alors que Bernie Sanders sécurise une victoire symbolique dans l’Etat du New Hampshire, le candidat à la nomination du Parti Démocrate en vue de l’élection présidentielle de 2020 cherche à maintenir l’élan face aux autres candidats, en particulier le favori Joe Biden.
La campagne Sanders, une machine politique singulière La victoire de Bernie Sanders s’inscrit dans une dynamique qui ne date pas d’hier. Depuis 2015, la campagne Sanders a ceci de particulier qu’elle s’appuie sur le modèle du grassroots movement, c’est-à-dire d’un fonctionnement reposant sur l’action de militants qui agissent à l’échelle locale avec des moyens plus limités que les campagnes de l’establishment traditionnel. Cependant, pris à une échelle plus macroscopique, cette campagne a une véritable ampleur nationale.
Cette campagne se revendique aussi comme étant le premier mouvement multi-racial et multi-générationnel que les Etats-Unis ait connu. La carte de l’appartenance ethnique mais aussi de l’age de l’électorat peut se révéler comme un atout dans un pays où ces différences font partie intégrante de la stratégie politique des candidats majeurs. Oser d'abord, doser ensuite
Appartenant, à l’aile radicale du Parti Démocrate, dont on peut aussi identifier le fameux ‘squad’ (Alexandria Ocasio Cortez, Rashida Tlaib, Ilan Omar et Ayanna Presley), Bernie Sanders entend se démarquer des démocrates modérés en proposant des mesures radicales. En proposant un système de santé universel d’abord. Le medicare for all a pour ambition de garantir à tous les Américains l’accès aux soins, et par là supprimer les dettes astronomiques liées aux opérations médicales. On peut aussi citer le Green New Deal, un nouvel impôt sur la fortune et la gratuité de l’ensemble des universités publiques.
Ces propositions osées ont cependant pour effet d’entraîner des millions de jeunes américains dans la dynamique de ce mouvement résolument à part, et dont l’objectif est de bouleverser l’ordre politique et économique qui gouverne les Etats-Unis.
Si ses propositions devaient un jour êtres mises en application de façon brutale, cela pourrait perturber les écosystèmes de santé et d’éducation actuels que les Américains sont habitués à fréquenter. On voit bien que si Sanders ose aujourd’hui, il devra nécessairement doser demain. Affaire à suivre Le candidat Sanders a encore de nombreux obstacles à surmonter s’il veut espérer pouvoir affronter le locataire de la Maison-Blanche en novembre. En 2016, Sanders avait aussi remporté le New Hampshire, mais dès la primaire du Nevada, prochaine élection dans l’agenda électoral, Hillary Clinton avait repris les devants. Rien n’exclut donc un retour triomphant du favori Joe Biden dans la course. Quoi qu’il en soit, on devrait s’attendre à un impressionnant affrontements des idées dans une des élections les plus décisives de la décennie 2020.
Enfin, le candidat Michael Bloomberg commence peu à peu à se faire entendre, et pourrait s’imposer comme le nominé inattendu pour la course face à Donald Trump. La stratégie du milliardaire new-yorkais consiste à canaliser ses forces sur les Etats dont les élections sont plus tardives, mais dont le nombre de délégués pour gagner la nomination est bien plus important. On peut donc raisonnablement s’attendre à une montée en puissance spectaculaire de ce candidat lui aussi à part, et dont la notoriété découle en partie de sa popularité lorsqu’il était maire de New York. Bloomberg, toutefois, pourrait à l’inverse se révéler une chance pour Sanders si ce dernier joue la carte de l’opposition à la classe des ‘ultras-riches’ qu’il combat depuis des décennies.
L’incertitude du succès de Sanders à la nomination est aussi élevée que celle des autres mastodontes démocrates, que ce soit Biden, Warren ou Bloomberg. Ce qui est sûr, c’est que tous ont pour volonté de décrier leur ennemi commun Donald Trump. Après tout, au bal il faut danser.
Par Alexandre Sion
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