Vers un rapprochement entre l'UE et l'OTAN
- Xavier Petit
- 23 janv. 2023
- 3 min de lecture
Mardi 10 janvier, le secrétaire général de l’Alliance du Traité de l’Atlantique Nord, Jens Stoltenberg, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen ont signé une nouvelle déclaration conjointe visant à intensifier la coopération de l’Union Européenne et de l’OTAN.

(de gauche à droite) Charles Michel, Président du Conseil européen, Jens Stoltenberg, Secrétaire Général de l’Otan, et Ursula Von der Leyen, Présidente de la Commission européenne
« Faire passer le partenariat à un niveau supérieur »
Par cette déclaration, les deux institutions entendent faire passer la coopération militaire au niveau supérieur. Parmi les points abordés, la protection des infrastructures critiques et la gestion des menaces liées aux nouvelles technologies et à l’espace sont des domaines clés pour une coopération approfondie. Ursula von der Leyen a d’ailleurs déclaré que si la menace russe est la plus immédiate, elle n’est pas la seule. Depuis la signature du traité de l’Atlantique Nord en 1949 pour, entre autres, contrer le développement de l’URSS en Europe de l’Est, ces deux organisations sont étroitement liées.
Pour rappel, la nature du partenariat entre l’UE et l’OTAN prend diverses formes. En premier lieu, sur la défense collective, l’article 5 du traité stipule qu’en cas de conflit militaires, les signataires du traité assisteront le pays en guerre “comme ils le jugeront nécessaire". Par ailleurs, sur la coopération politique, les articles 2 et 4 stipulent que les signataires du traité sont incités à se consulter régulièrement sur les sujets gouvernementaux afin de favoriser l’entente et le consensus au sein de l’Organisation.
Influence du conflit Ukrainien
Bien que le conflit ukrainien ne soit pas la seule menace, elle est la plus immédiate. C’est pourquoi un des points majeurs de la déclaration conjointe est la promesse de soutien à l’Ukraine durant le conflit face à la Russie. Le point 3 de la déclaration indique bien la position prise par l’UE et l’OTAN : « Nous condamnons avec la plus grande fermeté l'agression perpétrée par la Russie. La Russie doit immédiatement mettre fin à cette guerre et se retirer d'Ukraine. Pleinement solidaires de l'Ukraine, nous réaffirmons notre attachement indéfectible à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de ce pays à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues, ainsi que notre attachement sans faille à son droit naturel de légitime défense et à son droit de choisir sa propre voie. ». De plus, la semaine dernière, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a appelé les membres de l’alliance à fournir davantage d’armes à l’Ukraine. L’UE imposera également de nouvelles sanctions à la Biélorussie, tout en maintenant la pression sur la Russie pour qu’elle mette fin à sa guerre en Ukraine.
Qu’en est-il de l’autonomie stratégique de l’UE ?
Le renforcement de la coopération peut sembler faire quelque chanceler l’idée d’une autonomie stratégique de l’UE vis-à-vis de l’OTAN, projet particulièrement soutenu par le président Emmanuel Macron qui l’avait mentionné lors de son discours de la Sorbonne en 2017. L’OTAN se compose de 30 membres dont 21 sont des pays de l’UE mais reste avant tout un instrument de l’hégémonie américaine. L’influence des Etats-Unis sur la politique de défense de l’OTAN est non-négligeable : vente d’armes, lobbying, interventionnisme etc. Les F35 américains équipent 12 des 27 pays européens dont 4 non-membres de l’OTAN. De plus, les Etats-Unis n’hésitent pas à faire pression sur les pays ne partageant pas leur vision stratégique et militaire par ce biais. De ce fait, l’autonomie stratégique de l’UE est devenue un sujet primordial pour certain pays. La déclaration du 10 janvier pourrait faire croire que l’autonomie stratégique a été abandonné ce à quoi Charles Michel répond que les principales doctrines militaires des deux organisations se complètent et qu’ainsi la déclaration n’est en aucun cas un renoncement à l’autonomie stratégique.
En conclusion, cette déclaration, rendue nécessaire par la situation actuelle en Ukraine, vient renforcer la coopération militaire entre l’UE et l’OTAN. Bien que Charles Michel et Ursula von der Leyen affirme la complémentarité des deux organisations dans ce domaine, l’accord conjoint semble quelque peu freiner le développement de l’autonomie stratégique militaire de l’Europe. D’autant que les pays à l’Est de l’Europe se trouvant au porte du conflit, les Pays Baltes et la Pologne notamment, voit l’influence forte de Washington sur l’OTAN comme une garantie pour la sécurité de leur pays. Dans l’attente de jours plus propices, les pays européens doivent accepter que la défense européenne aujourd’hui c’est l’OTAN.
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