2024, année charnière pour l'avenir du monde

Dans un contexte de tensions inédites, l’année 2024 recense une multitude d’élections nationales et régionales (législatives et présidentielles). Confronté à cette profusion électorale, le monde fait face à des incertitudes géopolitiques et géoéconomiques croissantes. Avec environ 60 scrutins à travers le globe, cette année électorale soulève des incertitudes quant à une possible refonte de l’échiquier géopolitique. 

Côté républicain, Donald Trump fait figure de favori pour les présidentielles de 2024 aux Etats-Unis

Le Monde électoral de 2024: un théâtre mondial en ébullition 

2024, année de choix à l'échelle planétaire : avec près de 60 élections nationales, rassemblant 54% de la population mondiale et représentant 60% du PIB mondial, cette année s'annonce cruciale. Un regard attentif se portera sur 7 élections dans les pays les plus peuplés, créant une incertitude réglementaire et géopolitique à court et moyen terme. Parmi les rendez-vous incontournables, les États-Unis, les élections européennes, l’Inde, le Mexique, la Russie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Brésil, l’Indonésie, l’Iran, l’Afrique du Sud, la Tunisie, et l’Algérie captiveront l'attention mondiale.

Le début de cette année électorale a d’ailleurs été marqué par des élections cruciales à Taiwan. Lai Ching-te, candidat du parti démocrate progressiste, a remporté la victoire avec 40,1% des voix, annonçant immédiatement son engagement à protéger l'île « des menaces et intimidations de la Chine ». Cette déclaration ferme dès le jour de la victoire souligne l'importance stratégique de ces élections, suscitant des inquiétudes de la Chine qui considère cette démarche comme un « grave danger » pour son projet indépendantiste. Ces tensions croissantes dans le Pacifique laissent présager des développements significatifs dans la région au cours de cette année 2024.

Un horizon géopolitique brumeux - Élections, Tensions et Incertitudes.  

Les événements actuels rendent les perspectives géopolitiques floues et accroissent le risque d'une escalade des conflits dans les mois à venir. Dans ce contexte, la géopolitique peut être comparée à un « multivers », une complexe fusion d'alliances et de rivalités, constituée de nombreuses relations bilatérales et régionales. Cette dynamique, combinée au fait qu'un grand nombre de pays tiendront des élections en 2024, augmente la probabilité de surprises dans les domaines politique et géopolitique. 

Au cœur de ces enjeux majeurs se profile la possibilité accablante d'un retour de Trump au pouvoir, prenant avantage du départ de Ron DeSantis de la course électorale républicaine. Le magnat de l'immobilier semble tracer sa voie vers la Maison Blanche avec une vision protectionniste sous son slogan incontournable, « America First », prévoyant de rétablir des barrières économiques renforcées (10% de taxes aux frontières) envers la Chine et le Mexique, risquant ainsi de compromettre l'ACEUM (Accord Canada États-Unis Mexique). Sur le front des alliances, Trump favorise la continuation des accords de paix d'Abraham et un soutien accru à l'État hébreu, en dépit des divergences croissantes entre les États-Unis et Israël sous l'administration Biden. Il serait aussi probable qu'il diminue voire abandonne l’aide à l'Ukraine. Cette politique aurait des répercussions significatives sur les relations internationales des États-Unis avec la Chine, l'Amérique latine et l'Europe.

Les scrutins des élections législatives européennes en juin seront des indicateurs cruciaux pour l'avenir du continent, soulevant des questions épineuses sur une possible montée de l'extrême droite (voire les manifestations en Allemagne) et des changements dans le soutien à l'Ukraine face à la guerre prolongée. Verra-t-on une Europe s’affirmer géopolitiquement ou plutôt s’effacer ? Là sont les enjeux cruciaux de ces élections à l’heure où l’extrême droite semble se revigorer dans une Europe divisée.

Les questions du Mexique sur l’immigration, la sécurité et la coopération seront les maîtres mots des élections. L'Inde, émergente sur la scène internationale, attirera également l'attention avec des élections qui influenceront non seulement sa politique intérieure, mais également son rôle dans la géopolitique régionale, en particulier face à son rival majeur, la Chine. Pendant ce temps, les élections en Russie, prévoyant probablement le retour de Vladimir Poutine au pouvoir, pourraient se transformer en une plateforme pour une stratégie plus agressive envers l'Ukraine et d'autres pays, créant des défis sécuritaires pour l'OTAN. De plus, l’Ukraine doit elle aussi organiser des élections en 2024, le départ de Zelensky pourrait alors changer le cours de la guerre. Dans l'ensemble, ces évolutions pourraient intensifier la croissante conflictualité du puzzle géopolitique mondial. Le monde retient son souffle dans l'anticipation de cette année charnière où les jeux politiques et géopolitiques s'entremêlent dans un avenir complexe et incertain. 

Année de préparation de l'avenir - Opportunités et enjeux pour un monde en transition. 

L'année 2024 se dessine aussi comme une période de préparation cruciale pour des échéances clés attendues en 2025 dans le domaine de l’environnement. Avec un agenda électoral sans précédent à l'échelle mondiale, cette année offre une opportunité exceptionnelle d'agir, tant au niveau de la communauté internationale que des pays individuels. Le passage de 2024 à 2025 représente un moment où les efforts pour le développement durable, amorcés depuis quelques années par des initiatives telles que la conférence d'Addis-Abeba, l'Agenda 2030, l'Accord de Paris sur le climat, l'accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité, et le traité international sur la biodiversité en haute mer, commenceront à se concrétiser. Des occasions incontournables, comme le Sommet de l'avenir offrent des opportunités de renforcer le système multilatéral et de concrétiser les Objectifs de développement durable (ODD). C’est donc une année préparatoire pour des échéances importantes en 2025, telles que la conférence « Addis +10 » sur le financement du développement durable, les nouvelles contributions nationales des Parties (NDCs) pour la COP 30 sur le climat et la Conférence des Nations unies sur l'Océan à Nice. Cependant, malgré l'impulsion économique vers la décarbonation, comme observé avec des programmes tels que l'Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis et le Net-Zero Industry Act (NZIA) en Europe, des défis subsistent. La nécessité de transformer les systèmes productifs et sociaux pour répondre aux enjeux environnementaux tout en équilibrant les chaînes de valeur mondiale demeure un défi complexe. L'environnement, souvent relégué à un rôle secondaire, doit trouver sa place au cœur des débats socio-économiques en vue d’une perspective durable.

En conclusion, 2024 s'annonce être une année cruciale avec ses élections mondiales et ses défis géopolitiques croissants. Les enjeux, qu'ils soient électoraux, environnementaux ou géopolitiques, tissent une trame complexe pour l'avenir. Alors, face à ce multivers politique en constante évolution, le monde se prépare à une période d'incertitude. La question persistante demeure : quelle voie la communauté mondiale choisira-t-elle en cette année charnière ? Un avenir à observer de près, avec la certitude que chaque décision façonnera le paysage mondial.