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En temps de guerre, l'armement prospère

  • Imane Montagnier
  • 20 janv. 2024
  • 4 min de lecture

Bande de gaza, Ukraine, Sahel, Corne de l’Afrique, Taïwan et mer de Chine méridionale : la prolifération des tensions géopolitiques aux quatre coins du monde a accéléré la course folle à l’armement. Les dépenses militaires atteignent désormais un chiffre mirobolant de 2,2% du PIB mondial, marquant un retour au niveau du temps de la guerre froide.  La géopolitique de l’armement connaît des bouleversements sans précédent, tandis que l’industrie de la défense ne s’est jamais aussi bien portée. Si l’aide militaire occidentale à l'Ukraine a désormais atteint un niveau éminemment bas, 2024 sera marqué par un retour des discussions.




Des chars Léopard II allemands, livrés à l'armée ukrainienne


Le monde à l’heure de la remilitarisation

"2023 - année de tous les dangers ?" titrait l’Institut Montaigne le 3 janvier 2023. Force est de constater que l’air du temps est au réarmement et à la remilitarisation, la guerre en Ukraine jouant le rôle de grand accélérateur de l’armement mondial. L’Institut international sur la recherche de la paix de Stockholm (Sipri) relève que les dépenses militaires étaient en hausse en 2023, pour la huitième année consécutive. La figure de proue reste indéniablement les Etats-Unis, le Congrès américain ayant définitivement adopté un budget faramineux de 886 milliards de dollars pour la défense en 2024. Cette hausse d'environ 3 % par rapport à 2023 répondra à deux objectifs conjoints : renforcer la position des États-Unis en Asie-Pacifique et contrer l'influence de la Chine. Néanmoins, Moscou n’a pas manqué de réagir puisqu’une envolée fulgurante du budget pour 2024 est prévue : Vladimir Poutine escompte une augmentation de 70 % des crédits militaires, soit un retour aux niveaux soviétiques. Conséquence de l’intensification des combats russes en Ukraine, de la situation au Proche et Moyen-Orient ainsi que du risque qui plane sur Taïwan, le budget de l’OTAN va également augmenter en 2024, d’environ 13 %. Aucun pays ne fait exception à la règle et les rancœurs de la Seconde Guerre mondiale se font discrètes. Si les centaines de milliards d’euros attribués fin 2022 au Fonds spécial pour la modernisation de la Bundeswehr allemande se font encore attendre, l’année 2023 fût un tournant pour l’armée japonaise avec l’adoption d’une stratégie de sécurité nationale prônant un pacifisme « proactif » Fonds spécial pour la modernisation de la Bundeswehr. L’augmentation du plafond symbolique de 1 à 2 % du PIB des dépenses militaires œuvrera à faire de l’archipel un acteur régional de poids.


Les grands gagnants de la guerre en Ukraine

Certes, les Etats vident leurs caisses pour se réarmer mais certains se renflouent également. Dans le premier numéro de 2024, le monde diplomatique se demande « A qui profitent les guerres ? ». La réponse est claire, la vente d’armes est un atout géopolitique et économique pour les Etats-Unis, les pays de l’Ouest européen, la Chine, Israël et la Corée du Sud. Le contrat historique signé par Dassault aux Emirats Arabes Unis pour l’achat de 80 avions de combat a propulsé provisoirement la France à la place de deuxième exportateur d’armes mondial, derrière l’indépassable géant américain. Outre les fabricants européens d’armement habituels que sont le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie, la Corée du Sud fait aujourd’hui figure de nouveau colosse de la défense mondiale. En particulier, la Pologne a commandé, depuis 2021, pour plus de 12,5 milliards d'euros d'équipements aux industriels coréens, marquant une coopération croissante entre les deux pays. En effet, la conclusion de contrats d’armements devient le berceau de nouveaux partenariats géopolitiques, à l’instar du partenariat franco-indien signé en juillet dernier. A l’inverse, ces derniers peuvent être source de tensions entre différents alliés historiques, en témoigne le choix allemand de se doter d’avions de combat F-35 au détriment de l’Eurofighter Typhoon. En ce qui concerne Moscou, son aura commerciale s'est considérablement dégradée depuis l’invasion sur le sol ukrainien. Les sanctions commerciales occidentales refroidissent les clients potentiels des industriels russes qui doivent, de toute façon, produire en priorité pour leur armée.

 

L’aide occidental à l’Ukraine au plus bas

Il va sans dire que l’aide occidentale aux Ukrainiens fût le fer de lance de l’explosion des budgets militaires à travers le monde. Pourtant, cette dernière semble désormais atteindre des niveaux très faibles au fur et à mesure que les Etats-Unis suspendent leurs financements, notamment pour l’artillerie et les systèmes de défense aérienne. De surcroît, Donald Trump, qui a vraisemblablement des chances d'être réélu président des États-Unis en novembre prochain, ne semble pas enclin à apporter son soutien à l'Europe. Si l’Ukraine craint de ne plus pouvoir compter sur ses alliés occidentaux pour lui fournir des armements, la Russie renforce, quant à elle, sa proximité avec la Corée du Nord. En effet, Washington a accusé la semaine dernière Pyongyang d’avoir fourni des missiles à Moscou. En contrepartie de ces transferts d’armement, Pyongyang cherche à se procurer des équipements militaires russes et espère un transfert de technologies. Certes, ces échanges de bons procédés attestent que Vladimir Poutine doit trouver de nouvelles voies afin de combler les lacunes de son propre arsenal militaire et de poursuivre son offensive en Ukraine. Mais, par-dessus tout, le partenariat entre la Corée du Nord et la Russie renforce l’isolement des deux Etats parias sur la scène mondiale.

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