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Cessez-le-feu à Gaza : un fragile espoir pour la paix

  • Côme Pariselle
  • 20 janv.
  • 5 min de lecture

Dans la nuit du 17 au 18 janvier, l’accord d'un cessez-le-feu à Gaza a été annoncé, marquant ainsi un tournant significatif dans un conflit qui a coûté la vie à des milliers de civils et exacerbé les tensions régionales depuis des décennies. La trêve, qui entrera en vigueur le dimanche 19 janvier à 8h30 (heure locale), résulte de négociations complexes orchestrées par des médiateurs internationaux, notamment le Qatar. Ce cessez-le-feu prévoit une série de mesures visant à poser les bases d’une paix durable. Cependant, la réalisation de cet objectif reste incertaine face aux nombreux obstacles politiques et humanitaires.


Accord de cessez-le-feu à Gaza après 15 mois de guerre
Accord de cessez-le-feu à Gaza après 15 mois de guerre

Une trêve attendue mais fragile

Le conflit entre Israël et le Hamas, qui a repris avec une intensité accrue depuis le 7 octobre 2023, a provoqué d’énormes pertes humaines et matérielles. Depuis le début des hostilités, plusieurs milliers de Palestiniens, dont une majorité de civils, ont perdu la vie, tandis que des dizaines d’Israéliens ont été tués lors d’attaques transfrontalières. À ces chiffres s’ajoutent des milliers de blessés et des destructions massives des infrastructures essentielles, notamment des écoles, des hôpitaux et des réseaux énergétiques, entraînant une grave crise humanitaire à Gaza.


Le Qatar, agissant comme principal médiateur, a joué un rôle crucial dans l’obtention de cet accord. Les négociations, menées dans un contexte très tendu, ont abouti à une trêve en trois phases. La première étape inclut une suspension immédiate des hostilités et la libération simultanée de prisonniers des deux camps. Le ministère de la Justice israélien a déjà annoncé la libération de 737 détenus Palestiniens lors de cette 1ère phase, dont 95 qui pourront être libérés dès dimanche. Parmi ces 95 prisonniers, on retrouve en majorité des femmes et des mineurs arrêtés depuis le 7 octobre 2023.Le Hamas, de son côté, s’est engagé à libérer 33 soldats et civils israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Pour leur retour, Israël a prévu un dispositif intitulé les « Ailes de la Liberté », visant à accueillir et soigner les otages à leur libération.


Malgré cette avancée, la tension reste palpable. Les violations de cessez-le-feu par le passé et les revendications contradictoires sur des points clés comme le contrôle de la frontière de Gaza ou le statut de Jérusalem rendent la situation particulièrement instable. L’incertitude reste de mise pour les familles des otages israéliens et palestiniens, tant les échecs passés ont été nombreux.


Les enjeux d’un accord en trois phases

Le détail de l’accord prévoit un processus en trois phases, conçues pour réduire progressivement les tensions et poser les bases d’un cessez-le-feu permanent.


Première phase : arrêt des hostilités et aide humanitaire.

Dans une première phase de 6 semaines, l’arrêt des hostilités doit permettre l’acheminement d’une aide humanitaire urgente. Les organisations internationales, telles que l'ONU et la Croix-Rouge, ont déclaré que cette aide était essentielle pour éviter une catastrophe humanitaire encore plus importante dans l’enclave palestinienne. En effet, la population souffre de pénuries de nourriture, d’eau potable et de soins. Les corridors humanitaires ouverts par l’accord permettront à des convois de traverser la frontière pour fournir des ressources aux populations. Selon les Nations Unies, 90 % des 2,2 millions d'habitants de Gaza ont été déplacés depuis le début des bombardements israéliens, souvent à plusieurs reprises, et vivent ainsi dans des conditions précaires qui nécessitent une aide urgente.


Deuxième phase : pourparlers indirects et réformes.

La deuxième phase de l’accord inclut des pourparlers indirects entre Israël et le Hamas, avec l’appui de médiateurs internationaux comme l’Égypte, les États-Unis et l’ONU. Ces discussions aborderont des questions sensibles comme la levée partielle du blocus imposé à Gaza depuis 2007, qui limite fortement les échanges commerciaux et les déplacements des populations. Israël a indiqué qu’une ouverture progressive des points de passage pourrait être envisagée en échange de garanties de sécurité.


Parmi les réformes envisagées figurent également l’extension des zones de pêche pour les habitants de Gaza, actuellement limitées à une bande étroite, et l’amélioration de l’accès aux infrastructures énergétiques, notamment en électricité, dont les coupures fréquentes affectent lourdement le quotidien des habitants. Cette phase sera cruciale pour transformer une trêve temporaire en une solution durable, bien que des divergences profondes subsistent sur des questions comme le désarmement du Hamas.


Troisième phase : consolidation de la paix.

Enfin, la troisième phase vise à consolider la paix par des engagements mutuels sur le désarmement progressif et le retour à une gouvernance civile dans la bande de Gaza.


Le maintien de la paix repose en grande partie sur les institutions internationales, dont la mission sera de superviser le respect des engagements pris par les deux camps et de prévenir toute reprise des hostilités. La communauté internationale est également appelée à soutenir financièrement et logistiquement la reconstruction de Gaza, une condition indispensable à la normalisation des relations.


En plus de la communauté internationale, la mise en œuvre de ces mesures dépendra surtout de la volonté politique des deux parties. À ce stade, de forts doutes subsistent quant à la capacité du Hamas à renoncer à son arsenal militaire ainsi qu’à la disposition d’Israël à faire des concessions territoriales ou politiques.



 Les réactions internationales

L’annonce de ce cessez-le-feu a suscité des réactions nuancées au niveau international. Si de nombreux pays et organisations ont salué cet accord comme une étape positive, d’autres ont exprimé des réserves sur sa viabilité à long terme.Le secrétaire général des Nations unies a invité toutes les parties à respecter pleinement leurs engagements. « Ce cessez-le-feu représente une lueur d’espoir dans un contexte sombre, mais il est essentiel que chaque partie honore ses obligations pour éviter une reprise des hostilités », a-t-il déclaré.Malgré un soutien officiel de l’accord, Les Etats-Unis ont néanmoins appelé à une vigilance accrue pour empêcher des groupes radicaux de saboter le processus. De son côté, l’Union européenne a proposé une aide financière supplémentaire pour la reconstruction de Gaza, sous réserve de progrès significatifs dans la mise en œuvre de l’accord. À ce jour, environ 15 millions d’euros ont été promis pour des projets d’urgence mais cette somme reste bien insuffisante face à l’ampleur des destructions, estimées à plusieurs milliards d’euros.A l’inverse, certaines voix critiques soulignent que cet accord ne répond pas aux causes profondes du conflit et dénoncent l’absence d’une solution politique globale, incluant la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Ces voix affirment que l’absence de réflexion globale risque de limiter l’impact à long terme de ce cessez-le-feu. De plus, certains analystes mettent en garde contre le risque que cet accord soit utilisé par les deux parties pour gagner du temps sans véritable intention de parvenir à une paix durable.


Conclusion : un chemin semé d’embûches

Le cessez-le-feu à Gaza représente une avancée importante dans un conflit complexe et prolongé. Toutefois, il ne s’agit que d’un premier pas. La réussite de cet accord dépendra de la volonté des parties impliquées de surmonter leurs différends et de l’engagement de la communauté internationale à soutenir un processus de paix.Même si cet accord représente un pas en avant important, il n’en reste pas moins certain  qu’une solution politique globale et durable sera nécessaire pour mettre fin à ce conflit. Néanmoins, ce cessez-le-feu reste une avancée positive et offre une rare opportunité de soulager les populations touchées et de raviver l’espoir d’un avenir plus pacifique dans la région. L’application des différentes phases de cet accord sera cruciale pour transformer cette trêve fragile en une paix véritable, mais les obstacles restent nombreux et les espoirs, bien que réels, restent marqués par une profonde incertitude.


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