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Le Petro-Football ou pourquoi les supercoupes se disputent au Moyen-Orient.

  • Soundouce YALAOUI
  • 29 janv.
  • 3 min de lecture

Depuis quelques années, l’Arabie Saoudite et le Qatar accueillent sur leurs territoires des compétitions prestigieuses telles que les supercoupes d’Espagne, d’Italie et de France. Ce phénomène traduit l’ascension fulgurante du football dans la région, portée par des moyens financiers importants et une ambitieuse stratégie commerciale.

La Supercoupe d’Espagne a radicalement évolué sous l’impulsion de Luis Rubiales, président de la Fédération royale espagnole de football. Autrefois elle était disputée en un unique match entre le champion de LaLiga et le vainqueur de la Coupe du Roi, mais elle s’est transformée en un tournoi à quatre équipes (comptant les finalistes des deux compétitions). De plus, son siège a même été déplacé en Arabie Saoudite. Ces changements résultent d’un contrat : 240 millions d’euros pour six éditions, soit 40 millions par saison, avec une prolongation jusqu’en 2029.





Ces choix traduisent une nouvelle dynamique où les enjeux financiers dictent désormais l’avenir des grandes compétitions sportives.


Le Qatar et Abu Dhabi se sont glissés au cœur du football mondial, les championnats européens, en profitant d’une fenêtre favorable : le laxisme des autorités de tutelle (l’UEFA) permettait jusqu’au début de la décennie une injection massive de capitaux dans un club, pratique rendue plus compliquée aujourd’hui par les règles de fair play financiers introduites par l’ancien président Michel Platini. Le demi-frère du prince à la tête des Émirats Arabes Unis s’est ainsi emparé en août 2008 du club de Manchester City, jusque-là détenu par l’ex-premier ministre et sulfureux milliardaire thaïlandais Thaksin Shinawatra. Le Cheick Mansour bin Zayed Al-Nahyan ne cédait pas alors à un caprice de nouveau riche, mais inaugurait une stratégie suivie ensuite par le Qatar à Paris. Le nouveau président, par ailleurs vice- premier ministre et ministre des Affaires étrangères des Émirats Arabes Unis (EAU), a acheté le club mancunien au nom de son fonds souverain, Abu Dhabi United Group. Il a investi un milliard de livres en quatre ans (1.2 milliard d’euros) pour devenir champion d’Angleterre. `


Il s’agit en réalité d’une stratégie de captation de marque par l’émirat désireux d’une meilleure exposition de son potentiel touristique. 


La compagnie aérienne des EAU, Etihad, sponsorise le club à hauteur de 50 millions d’euros annuels. Surtout, le premier contrat signé concerne l’office du tourisme des Émirats, qui s’offre une vitrine de choix : le championnat anglais est, de loin, le plus diffusé mondialement. 

Le Qatar suit la même voie au PSG, avec un investissement de 200 millions d’euros dans le contrat d’image signé par l’Autorité Touristique du Qatar, la moitié du chiffre d’affaires du club parisien. Celui-ci a été racheté en juin 2011 pour 76 millions d’euros, sept mois après un déjeuner réunissant à l’Élysée, autour du président Sarkozy, le prince héritier du Qatar et Michel Platini, alors président de l’UEFA. En décembre, le Qatar remportait le scrutin d’attribution de la Coupe du monde 2022, en dépit des objections que le bon sens pouvait opposer à sa capacité à organiser un tel événement. L’investissement monte à 200 milliards de dollars, un chiffre qui explose tous les précédents dans le sport (40 milliards pour les Jeux Olympiques de Sotchi) et n’offre aucune justification économique. 

L’achat pour 222 millions d’euros (clause libératoire) du brésilien Neymar à Barcelone, payé autour de 30 millions chaque année durant cinq ans, obéit à la même logique d’achat de visibilité pour le micro-État.


L’investissement dans le football des pétromonarchies ne correspond pas à un engouement particulier pour le ballon rond, ni à la quête d’une excellence sportive (le Qatar est classé 79ème nation par la FIFA, à hauteur de l’Eswatini), mais à la construction d’une notoriété qui doit créer un soft-power encore fragile, de la même façon qu’elle achète pêle-mêle les marques culturelles (la Sorbonne, le Louvre parmi d’autres).


Ce phénomène touche bel et bien le football français. La dernière Supercoupe de France qui a eu lieu le 5 janvier entre le PSG et l’AS Monaco, s’est déroulée à Doha, capitale du Qatar.

Le match qui devait se tenir en Chine, a dû être reporté par manque de sponsors. C’est alors qu’un accord avec le Qatar de 3 millions d’euros a permis d’y accueillir l’événement.

Ce changement a généré des critiques en France, en partie à cause du fait que Nasser Al-Khelaifi est le propriétaire du PSG, ce qui crée des doutes quant à un conflit d’intérêts. Des supporters ont manifesté leur mécontentement. Selon eux, ce match aurait dû se dérouler sur le territoire français.

Ces nouveaux enjeux montrent les conséquences des dynamiques économiques sur l’identité européenne du football. La passion et l’engagement des fans locaux pourraient être remis en question.


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