COP28 : La lutte contre le changement climatique est-elle compatible avec les énergies fossiles ?
- Emmylou Marillaud
- 6 déc. 2023
- 3 min de lecture
La COP28, ou Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Dubaï, s'est ouverte le 30 novembre et se déroulera jusqu’au 12 décembre dans un contexte alarmant. L'ONU a martelé que l'année 2023 serait probablement la plus chaude jamais enregistrée, avec des records d’émissions de gaz à effet de serre, de températures mondiales et de montée des niveaux de la mer. Ces indicateurs forment une cacophonie assourdissante de records battus, exigeant une réaction immédiate et significative.

Le président de la COP28, Sultan Al Jaber, lors de la conférence de presse d'ouverture de la COP28 à Dubaï
Une cacophonie de records de plus en plus alarmants
Le chef de l'Organisation météorologique mondiale, Petteri Taalas, souligne que ces statistiques ne sont pas simplement des données froides, mais des avertissements poignants. Les neuf dernières années depuis 2015 ont été les plus chaudes depuis le début des mesures modernes, avec des conséquences socio-économiques dramatiques, notamment une diminution de la sécurité alimentaire et des migrations massives. L'urgence climatique est devenue une réalité palpable, et les leaders mondiaux réunis à la COP28 doivent l’affronter avec des mesures audacieuses.
Les températures mondiales actuelles, déjà à 1,4 °C au-dessus du niveau préindustriel en octobre 2023, soulignent l'écart entre les engagements pris lors des accords de Paris de 2015 et la réalité du changement climatique. L'objectif de limiter le réchauffement climatique bien en dessous de deux degrés Celsius semble hors de portée, et la nécessité de limiter à 1,5 °C est plus impérative que jamais. Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, met en garde contre les sueurs froides que ces records devraient provoquer chez les dirigeants mondiaux.
Les conséquences de ce dérèglement climatique vont au-delà des statistiques. Les incendies, les inondations et les températures extrêmes ont frappé des communautés du monde entier en 2023. Ces événements ne sont plus simplement des scénarios futurs, mais des réalités présentes qui exigent une réponse immédiate. Petteri Taalas souligne que le risque de perdre la course pour sauver les glaciers et freiner l'élévation du niveau de la mer est imminent. Une action rapide et concertée est attendue pour éviter un climat de plus en plus inhospitalier au cours de nos jours et pour les siècles à venir.
Quelle place pour les énergies fossiles ?
La pression sur le pétrole et le gaz s'intensifie à la COP28, avec le besoin de choisir entre "le pétrole ou le climat." Depuis la COP de Berlin en 1995, les pays participants n'ont pas réussi à mettre noir sur blanc la nécessité de réduire rapidement la consommation d'énergies fossiles. Cette année, cependant, la pression s'intensifie pour résoudre ce problème, malgré les intérêts contradictoires des grands pays producteurs d'hydrocarbures. Le défi est d'inscrire cette baisse dans un texte international, reconnaissant que cela ne sera pas une solution magique mais un pas essentiel pour aborder les problèmes sous-jacents.
De plus, en parallèle une coalition d'environ vingt pays, dont la France, les États-Unis et les Émirats arabes unis, appelle à tripler la production d'énergie nucléaire d'ici à 2050. Affirmant que "l'énergie nucléaire est de retour", Emmanuel Macron souligne que cette énergie est propre, générant environ 70% de l'électricité en France. Cependant, des préoccupations environnementales sont exprimées, Jean-Luc Mélenchon qualifiant la position de la France de "ridicule" et mettant en garde contre les risques d'accidents, la gestion des déchets à long terme et les coûts élevés.
Un début de COP28 plutôt positif
À la surprise générale, la COP28 commence avec une avancée significative sur un sujet autrefois contentieux : l'indemnisation des pays les plus vulnérables face aux désastres climatiques. Un accord est salué comme une avancée inédite, phénoménale et historique par le président de la COP28, Sultan al-Jaber. Cet accord sur les "Loss and Damage" reconnaît la nécessité de compensations financières pour les pertes déjà subies par les pays pauvres en raison du réchauffement climatique.Cependant, malgré cette avancée, des questions cruciales persistent : les mécanismes de financement, la contribution des pays développés notamment doivent encore être résolus. La fragilité du compromis reposant sur la Banque Mondiale qui héberge le fond suscite des inquiétudes, tout comme l'absence d'objectifs financiers clairs dans l'accord. Le Sultan al-Jaber a manifesté le besoin de rapidité pour remplir ce fond : les Émirats Arabes Unis ont d’ores et déjà donné 100 millions de dollars. D’autres promesses ont été faites : 225 millions d’euros pour l’Union européenne, 10 millions de dollars pour le Japon, 17,5 millions pour les Etats-Unis…En conclusion, la COP28 à Dubai se déroule dans un contexte où l'urgence climatique est plus que jamais une réalité tangible. Les records de chaleur et les avancées historiques mettent en lumière la nécessité d'une action mondiale immédiate. Les dirigeants sont confrontés à un choix clair entre agir maintenant pour limiter les risques d'un climat inhospitalier ou subir les conséquences dramatiques de l'inaction.
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