Greta Thunberg, icône climatique qui fait déferler la critique
- UN'ESSEC
- 7 oct. 2019
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Greta Thunberg dérange, et fait l’objet de critiques acerbes depuis son discours au siège des Nations unies à New York, le lundi 23 septembre dernier. Porte-parole sur la scène internationale d’un mouvement pour l’action climatique, la jeune Suédoise est devenue une cible de premier choix après avoir condamné « l’inaction des politiques » contre le changement climatique.
Comment expliquer ce changement de ton à l'égard de l'activiste suédoise ? « L’urgence climatique est une course que nous sommes en train de perdre, mais nous pouvons la gagner », a affirmé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Celui-ci a invité à la tribune la Suédoise Greta Thunberg, 16 ans, symbole de la jeunesse mondiale révoltée face à l’inaction des gouvernements. La jeune fille a interpellé les dirigeants de la planète dans un discours plein de rage : "Je ne devrais pas être là, je devrais être à l’école, de l’autre côté de l’océan. (…) Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses." Cette partie du discours de la militante écologiste a été détournée sur les réseaux sociaux, sans prendre en compte l’intégralité de l’intervention. Gretha Thunberg est ainsi régulièrement attaquée sur le fait qu'elle enjoint à l'action les décideurs politiques, sans pour autant formuler de mesures à mettre en œuvre. PDG du groupe de luxe LVMH, Bernard Arnault a repris cet argumentaire. S'il reconnaît à l'adolescente une « très grande sensibilité sur les questions environnementales », il déplore un catastrophisme absolu sans réelle solution. Quelles actions ont été menées ? En parallèle de son discours remarqué aux Nations Unies (ONU), la militante écologiste Greta Thunberg et 15 autres jeunes de 8 à 17 ans ont annoncé porter plainte contre la France, l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et la Turquie, pour inaction climatique. Alexandria Villaseñor, militante américaine du climat de 14 ans, et la jeune Française Iris Duquesne, âgée de 16 ans font partie du groupe de jeunes. Ils sont représentés par le cabinet d’avocats international Hausfeld LLP et Earthjustice. L’action juridique, intentée en marge du Sommet sur le climat de l’Organisation des Nations unies (ONU), vise à demander aux États membres de « prendre des mesures pour protéger les enfants des effets dévastateurs du changement climatique ». Mais cette plainte, portée par la très médiatique Greta Thunberg, a été vivement critiquée, notamment par la France et non les États-Unis ou la Chine.
Alors pourquoi ces cinq pays ?
Dans le monde, vingt pays représentent les trois quarts des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Avec 9 839 millions de tonnes de CO2 émises en 2017, la Chine est largement en tête des pires pollueurs de la planète. Elle est suivie par les États-Unis (5 270 millions de tonnes) et l’Inde (2 467 millions de tonnes). Largement moins peuplée, la France est quant à elle classée à la 18e place, avec 356 millions de tonnes de dioxyde de carbone.
Mais si la France est visée à travers cette plainte, c’est parce qu’elle a été déposée dans un cadre juridique très précis qui ne permettait pas d’attaquer les plus grandes nations pollueuses.
Le troisième protocole de la CIDE a été ratifié par 44 États, dont la France en 2016. Mais ce n’est pas le cas des États-Unis, de la Chine ou de l’Inde. De fait, ils ne peuvent donc pas être attaqués à travers ce mécanisme.
Ainsi, les pays jugés influents au sein du groupe des 20 pays les plus riches ont été ciblés. Ces jeunes estiment être mis en danger par l’inaction des pays face au réchauffement climatique, qui bafouerait la convention de l’UNY sur les droits de l’enfant.
Que va-t-il se passer maintenant ? La France peut-elle être condamnée ?
Répondant à cette initiative, Emmanuel Macron a déclaré, depuis New York où il assistait au sommet de l’ONU sur le climat, qu’une plainte n’était pas, selon lui, « la voie la plus efficace », estimant que « des positions très radicales [sont] de nature à antagoniser nos sociétés ».
Cette plainte est une action en justice un peu particulière, qui n’entraîne ni enquête judiciaire ni condamnation devant un tribunal.Dans la pratique, le Comité des droits de l’enfant est censé enquêter sur les possibles violations qui ont fait l’objet de la plainte. Ils peuvent ensuite, s’ils estiment qu’il y a bien eu des violations, faire des recommandations aux États visés (dans ce cas précis, on peut imaginer une obligation de réduite leurs émissions de gaz à effet de serre). Les recommandations ne sont pas contraignantes, mais les 44 pays ayant ratifié ce protocole s’engagent à les respecter, a expliqué Michael Hausfeld, qui espère que des recommandations seront faites d’ici douze mois.
Par Alexandra Prata
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