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Incendies en Amazonie, provocations à répétition : Jair Bolsonaro joue avec le feu

  • Photo du rédacteur: UN'ESSEC
    UN'ESSEC
  • 23 sept. 2019
  • 4 min de lecture

Il y a deux choses que le président brésilien, Jair Bolsonaro, ne parvient pas à arrêter : les incendies catastrophiques qui ravagent l’Amazonie, et sa logorrhée, déversée sur les réseaux sociaux et affectant l’image du Brésil sur la scène internationale.



Incendies en Amazonie, une conséquence du "bolsonarisme"


Fragilisée par près de 80 000 feux depuis janvier 2019, l’Amazonie pâtit de la politique du président Jair Bolsonaro et du réchauffement climatique : c’est 84% plus que l’an dernier ! Les feux ravageant l’Amazonie sont une conséquence directe du projet politique incarné par le président populiste. Le « bolsonarisme » apparaît ici dans toute sa puissance destructrice.

     Si le hashtag #prayforamazonia a eu le mérite d’attirer l’attention des opinions occidentales sur le Brésil, l’appel à prier laisse néanmoins penser que la propagation des flammes est une catastrophe naturelle due à la sécheresse et au réchauffement climatique. Derrière ce drame environnemental doit apparaitre la dimension politique du problème : il s’agit d’une logique collective à l’appui d’un projet politique mené par le président climatosceptique Jair Bolsonaro. En effet, depuis l’élection du président brésilien, des milliers de prédateurs de la forêt (orpailleurs, producteurs de bois, propriétaires terriens) se sentent autorisés à ignorer les réglementations en vigueur, provoquant des dizaines de milliers de départs de feu.

Le gouvernement leur facilite la tâche de deux manières. D’une part, en privant les instances de contrôle et notamment l’Institut brésilien de l’environnement (Ibama) de la moitié de son budget. D’autre part, en discréditant les ONG travaillant pour la protection de l’Amazonie et des populations indigènes, faisant du discours écologiste le fruit d’un « complot mondialiste ». Finalement, la conviction néolibérale du président fait que la forêt amazonienne n’est plus présentée comme un territoire à protéger, mais à développer, à travers la libération des énergies censée servir l’économie de la région. Ainsi, selon l’Institut national des recherches spatiales (INPE), les surfaces défrichées ont été en juillet trois fois supérieurs par rapport à juillet 2018.

...provoquant une crise diplomatique entre la France et le Brésil La crise a pris un tour diplomatique.


Sur fond d’incendies géants en Amazonie, la France et le Brésil traversent leur pire crise diplomatique depuis le retour de la démocratie à Brasilia à la fin des années 1980.

Les incendies touchant l'Amazonie dévastent la plus grande forêt tropicale au monde, le plus grand réservoir de biodiversité et de l’un des principaux stabilisateurs climatiques de la planète. Dès lors, la catastrophe a suscité des réactions du secrétaire général de l’ONU et de plusieurs chefs d’Etat, dont celle du président français : « Notre maison brûle » a-t-il réagi, parlant d’une « crise internationale » à la veille de l’ouverture du sommet G7 à Biarritz, samedi 24 août.


Le président Bolsonaro n’a pas manqué de faire remarquer que « l’Amazonie appartient au Brésil », avant de répondre au président Macron qu’il s’ingérait dans « un problème interne », dénonçant ainsi une mentalité « colonialiste ».

Jair Bolsonaro a-t-il réussi à cramer l'image du Brésil ?

Jair Bolsonaro est déjà surnommé « Tropical Trump » par la presse sud-américaine pour ses multiples coups d'éclat, messages outranciers et vidéos obscènes partagés sur les réseaux sociaux. Mais en insultant Brigitte Macron, le chef d’Etat brésilien voit sa mauvaise réputation, jusque-là limitée à son pays, étendue au reste du monde. Ses propos offensants ont conduit Emmanuel Macron à souhaiter ouvertement, devant les caméras du monde entier, que « le peuple brésilien ait très rapidement un président qui se comporte à la hauteur ».

Sur les réseaux sociaux, de nombreux Brésiliens, dont le célèbre écrivain brésilien Paulo Coelho, ont également présenté leurs « excuses » à Brigitte Macron, en lançant notamment sur Twitter un hashtag #DesculpaBrigitte (pardon Brigitte, en français).

Quels sont les leviers d'action ?

La communauté internationale tente de faire pression sur Brasilia. En juillet, Emmanuel Macron a fait savoir que si l’accord pour le climat n’était pas respecté au Brésil, il ne ratifierait pas l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.

Par ailleurs, les pays donateurs du fonds de préservation de la forêt amazonienne bloquent tour à tour leurs dons. La Norvège, fer de lance de la lutte écologique, a annoncé le blocage de 30 millions d’euros de subventions destinées au Brésil. Les fonds vont normalement aux ONG environnementales, mais aussi en grande partie aux institutions environnementales de l’Etat brésilien.

Enfin, le 6 septembre a eu lieu le « grand sommet pour l’Amazonie », réunissant sept pays de la région dans la ville colombienne de Leticia pour évoquer une coopération régionale. Outre le président colombien, Ivan Duque, et le Péruvien Martin Vizcarra, l’Equatorien Lenin Moreno et le Bolivien Evo Morales, étaient présents à Leticia. Le Surinam, le Guyana, le Brésil étaient représentés par des membres du gouvernement. Le Venezuela de Nicolas Maduro – qualifié de dictature par Bogota et Brasilia – n’avait pas été invité. Signé à l’issue de la rencontre, le pacte de Leticia pour l’Amazonie prévoit de renforcer la coopération en matière de surveillance par satellite, de lutte contre la déforestation, de prévention des incendies et les échanges de données sur le climat. Il reste que le texte contient peu de mesures concrètes à la grande déception des défenseurs de l’environnement.


Par Alexandra Prata

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