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L’Argentine pourrait-elle basculer dans un régime autoritaire ?

  • Alexandre Lacouture
  • 8 mai 2024
  • 4 min de lecture

La personnalité très forte du président argentin Javier Milei ne surprend plus personne. Cependant, elle nous fait oublier une manière de diriger qui glisse progressivement vers plus de fermeté. Des premiers signes témoignent avec quelle autorité il pourrait être tenté de gouverner.


Javier Milei, président de la Nation argentine depuis le 10 décembre 2023.


Des premiers signes de mécontentement

Le 23 avril dernier, les rues argentines se sont animées d'une agitation sans précédent alors qu'une marée humaine se rassemblait pour protester contre les politiques d'austérité budgétaire instaurées par le président ultra-libéral Javier Milei. Cette manifestation historique, d'une envergure massive, a réuni des milliers de citoyens déterminés à exprimer leur mécontentement face à la gestion économique du pays. Au cœur des revendications se trouve la dénonciation de la stagnation des fonds alloués à l'éducation, un secteur crucial pour l'avenir de la nation, alors même que l'inflation atteint des niveaux alarmants, s'élevant à un taux de 288 % sur une période de 12 mois. Les mesures d'austérité mises en place par le gouvernement, sous l'impulsion de Milei, reflètent une vision radicale visant à parvenir à un déficit budgétaire « zéro », symbolisant l'équilibre parfait entre les recettes et les dépenses de l’État. Pour atteindre cet objectif ambitieux, des mesures drastiques ont été adoptées, incluant des réductions massives des dépenses publiques, des licenciements massifs dans la fonction publique et la suppression de certains organismes gouvernementaux. Ces mesures, bien que présentées comme des efforts visant à stabiliser l'économie et à assainir les finances publiques, ont suscité une vague de mécontentement généralisé au sein de la population. Cependant, malgré les critiques et les inquiétudes exprimées, les premiers signes indiquent que ces politiques pourraient commencer à porter leurs fruits, avec l'annonce récente d'un excédent budgétaire pour l’Argentine, une première en quinze ans. Cependant, derrière cette apparente réussite budgétaire se cachent des conséquences sociales et économiques potentiellement désastreuses, alimentant encore davantage la colère et le désespoir au sein de la population argentine.


Peu d’espoir pour une amélioration de la situation

Cette manifestation marque un tournant significatif dans le paysage politique argentin, étant la première de grande envergure depuis le début du mandat de Milei. Son ampleur témoigne de l’insatisfaction croissante parmi les Argentins, qui ont convergé de divers horizons pour exprimer leur mécontentement. Des groupes variés de la société, des étudiants aux travailleurs en passant par les militants des droits sociaux, se sont unis dans un élan de protestation contre les politiques économiques et sociales du gouvernement. Malgré les espoirs suscités par le changement de gouvernement, le président Milei semble poursuivre une trajectoire similaire à ses prédécesseurs, en attribuant les maux du pays à des mécanismes étatiques de redistribution des richesses. Cette approche risque d'aggraver la situation des plus démunis, comme le souligne une récente étude de l'université catholique d'Argentine. Selon cette étude, le taux de pauvreté a atteint un niveau alarmant de 57,4 % de la population, mettant en lumière les conséquences dévastatrices des politiques économiques actuelles sur les couches les plus vulnérables de la société.


Les tendances anti-démocratiques du président argentin

On peut également questionner la vision de la démocratie de Milei, en particulier son approbation des régimes autoritaires. En effet, seules trois périodes historiques trouvent grâce à ses yeux. La première est une république oligarchique à la fin du XIXe siècle qui a ouvert grand les portes aux investissements étrangers et a adopté des politiques économiques très libérales. La seconde est la dernière dictature argentine (1976-1983), qui a pratiqué des politiques néolibérales. La dernière est le mandat de Carlos Menem (1989-1999), qui a gracié les principaux chefs militaires condamnés dans les années 80, favorisé l’ouverture de l’économie et fait exploser la dette extérieure. Ainsi, Milei exprime son admiration envers des régimes caractérisés par des méthodes autoritaires. Il a par ailleurs ordonné la fermeture de l’agence de presse Télam, équivalent argentin de l’Agence France Presse, qui occupait une place centrale dans le système d’information national en fournissant la majorité des informations aux journaux du pays.


Une incertitude croissante sur l'avenir

L'avenir semble de plus en plus incertain pour les Argentins, confrontés à une combinaison de politiques économiques strictes et d'indifférence apparente de la part du président Milei. Alors que l'économie du pays montre des signes de stabilisation avec cet excédent budgétaire tant vanté, la réalité sur le terrain est beaucoup moins rose. La manifestation récente contre l'austérité n'était que le début d'un mécontentement plus généralisé. Des fissures sociales profondes se creusent, exacerbées par des taux de pauvreté record et un sentiment croissant d'exclusion économique. La politique de Milei, imprégnée d'un ultralibéralisme radical, est perçue par de nombreux Argentins comme un retour en arrière vers des politiques du XIXe siècle, éloignées des réalités contemporaines du pays. Sa volonté affichée de réduire les dépenses publiques et de supprimer des organismes clés du service public suscite des inquiétudes quant aux conséquences à long terme pour les secteurs sociaux les plus vulnérables.


Les réactions internationales

Les réactions internationales face aux politiques de Javier Milei ont été mitigées. Alors que certains observateurs saluent ses efforts pour rétablir l'équilibre budgétaire et stabiliser l'économie argentine, d'autres expriment des préoccupations quant à ses tendances autoritaires et à leur impact sur la démocratie dans le pays. Des organisations internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI) ont exprimé leur soutien aux mesures d'austérité mises en œuvre par le gouvernement argentin, tout en soulignant la nécessité de protéger les droits démocratiques et sociaux des citoyens. Cependant, des critiques ont également été formulées à l'égard des méthodes de gouvernance de Milei, notamment en ce qui concerne la liberté de la presse et les droits de l'homme. Certains pays partenaires de l'Argentine comme les Etat-Unis ou le Brésil ont exprimé leur inquiétude quant à la situation politique dans le pays, appelant au respect des principes démocratiques et à un dialogue inclusif pour résoudre les tensions sociales. En fin de compte, l'avenir politique de l'Argentine dépendra en grande partie de la manière dont le président Milei répondra à ces préoccupations et s'engagera à préserver les institutions démocratiques du pays.

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