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Jeux de guerre à la frontière turco-syrienne

  • Photo du rédacteur: UN'ESSEC
    UN'ESSEC
  • 3 mars 2020
  • 3 min de lecture


Depuis le 27 mars, la situation, déjà délétère, dans la province d'Idleb s'est largement détériorée. Les attaques successives des forces turques et syriennes ont déjà fait plus de 100 morts. L'escalade conduira-t-elle à la guerre ?


Une dangereuse escalade militaire


Les forces turques ont mené une deuxième opération d’envergure en 3 jours, le dimanche 1 mars, dans la région d’Idleb. L’armée a abattu 2 avions syriens et tué 19 militaires dans des zones détenues par les forces de Bachar El Assad. Le bilan au bout de 3 jours d’affrontements est lourd : 33 morts du côté turc, 74 du côté syrien. Depuis le 27 mars, la région d’Idleb est le théâtre d’affrontements violents entre les deux camps. L’attaque syrienne, qui intervient dans la continuité d’une vaste opération militaire ayant pour finalité de reprendre le contrôle de la dernière région qui résiste encore à l’autorité d’El Assad, a causé la mort de 33 soldats turcs. La réponse du président Erdogan, resté étrangement silencieux à la suite de cette attaque, ne s’est pas fait attendre : le lendemain les forces turques ont mené un raid aérien qui fit 74 victimes syriennes. La stratégie des représailles massives employé par le président turc semble confirmer que ces batailles ne sont que l’ébauche d’un conflit de plus grande ampleur. Cette escalade intervient dans un contexte tendu puisque l’armée syrienne tente depuis quelques mois de reprendre le contrôle de la région d’Idleb, ultime poche de résistance à l’autorité de Assad, alors que la Turquie a envoyé un large contingent militaire aux abords de sa frontière avec la Syrie afin d’étendre plus encore son influence dans la zone. En effet, la Turquie est pour le moment présente grâce à son alliance avec un groupe « terroriste », hostile aux intérêts du président syrien, et largement soutenu par le gouvernement turc qui domine la région. Des luttes géopolitiques d'une plus grande ampleur sont en jeu à Idleb


La Turquie qui tente de développer sont influence dans la région pourrait perdre très gros lors de ces affrontements. En effet, la relation ambiguë qu’elle entretient avec la Russie pourrait être complètement bouleversée. La stratégie de Poutine a consisté jusqu’ici à préserver les liens qui unissent son pays à la Turquie en lui fournissant notamment des protections anti-missiles, mais l’avènement d’un conflit avec la Syrie d’Assad que Moscou défend depuis l’origine du conflit en 2011 pourrait contraindre le président russe à changer de stratégie.


Si la relation s’est largement dégradée ces derniers jours lorsqu’Erdogan a sommé son homologue russe de « s’ôter du chemin de la Turquie en Syrie », une volonté d’apaisement semble se dégager puisqu'il s’est directement entretenu avec Poutine le 28 février, et prévoit également une réunion en Russie le 5 mars. L’enjeu est également immense pour la Russie puisqu’il s’agit de préserver un allié qui s’est découvert, ces dernières années, de nombreux points communs avec le président russe mais également de terminer le travail de longue haleine mené en Syrie en rétablissant totalement la souveraineté d’Assad sur le territoire et ainsi de disposer d’un allié indéfectible en Syrie.


Les conséquences de ces manœuvres pourraient être immenses, particulièrement en Europe L’Europe se retrouve une nouvelle fois spectatrice et partie prenante du conflit Syrien. En effet, elle a très peu de moyens de pression à exercer sur les belligérants et se contente donc de dénoncer les exactions qui affectent les populations de la région sans être en mesure d’agir. Pourtant le continent européen sera le plus touché par les conséquences du conflit. Erdogan fait peser la menace de l’ouverture des frontières de la Turquie qui permettrait à une partie des 3,6 millions de Syriens qui résident actuellement en Turquie de rejoindre l’Europe. Ainsi, Erdogan sèmerait la panique dans l’Union comme ce fut le cas en 2015 lors de l’afflux des millions de réfugiés syriens. L’Europe tremble donc devant Erdogan et ne trouve rien à lui opposer. De fait, l’ouverture de certaines parties de la frontière et l’arrivée de 13 000 migrants à la frontière grecque renforce cette possibilité de nouvelle crise européenne. Plus encore, les risques d’un conflit qui impliquerait d’autres acteurs et davantage de moyens n’est pas à exclure puisque l’Otan s’est clairement positionnée en faveur de la Turquie, soulignant la lutte contre le terrorisme, et se positionnant ainsi en lutte frontale avec la Russie. Les prochains jours pourraient se révéler cruciaux pour l'avenir du monde.


Par Pierre Mouniq

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