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L'offensive turque en Syrie bouleverse les rapports de force

  • Photo du rédacteur: UN'ESSEC
    UN'ESSEC
  • 21 oct. 2019
  • 3 min de lecture


Depuis le 7 octobre, l’attention internationale est de nouveau focalisée sur la Syrie. Après l’annonce du retrait des forces américaines du nord de la Syrie, les turcs sont passés à l’offensive afin d’accaparer les terres des anciens alliés des occidentaux : les Kurdes.

Donald Trump abandonne ses alliés et ouvre la voie à Erdogan


 Donald Trump mène une politique erratique au Moyen-Orient ; en décembre 2018 il avait déjà envisagé un retrait des troupes américaines de Syrie. Cette annonce ne fut, certes, pas suivie d’actions, toutefois elle avait largement contribué à la déstabilisation d’une région tiraillée entre les intérêts des différentes puissances tant mondiales (Etats-Unis, Russie, Europe) que régionales (Turquie, Syrie, Iran, Arabie Saoudite) et de laquelle la menace Daesh n’a pas été totalement éradiquée.

Ce 6 octobre 2019, D. Trump a une nouvelle fois bouleversé l’échiquier géopolitique en Syrie. En effet, à la suite d’un échange téléphonique avec R-T. Erdogan, D. Trump annonçait le retrait des troupes américaines qui protégeaient les Kurdes au nord de la Syrie. Ce peuple, qui fut pourtant le principal soutient des américains lors de la lutte contre l’EI, est ainsi laissé seul face aux volontés expansionnistes d’Erdogan.

En dépit d’un dernier revirement de D. Trump, menaçant économiquement la Turquie en cas d’attaque sur son compte Twitter, le 7 octobre les Turcs amorçaient une offensive afin de repousser les Kurdes dans les terres syriennes. En effet, pour Erdogan cet aval d’abord tacite de Donald Trump, puis confirmé par la conférence de presse du 16 octobre au cours de laquelle Trump déclarait que « les Kurdes du PKK sont de pires terroristes que Daesh », représentait une opportunité unique d’éluder les critiques internes liées aux mauvais résultats économiques de la Turquie, à la défaite de son parti aux élections municipales d’Istanbul, et de créer un consensus en jouant sur la corde nationaliste.

Une Europe indignée mais impuissante


L’Europe, quant à elle, a une nouvelle fois brillé par son impuissance. D’abord, une impuissance politique car si les grandes puissances du vieux continent se sont tout de suite indignées de cette attaque contre l’un des principaux acteurs de la lutte conte l’Etat Islamique (Paris et Berlin ont immédiatement décrété un embargo contre Istanbul), l’Union européenne n’a réellement démontré aucune capacité de représailles puisque l’UE reste un partenaire mineur de la Turquie et l’embargo est purement symbolique.


 Ensuite, l’impuissance est également militaire. En effet, alors que 2000 soldats américains suffisaient pour sécuriser la zone : aucun des belligérants ne souhaite d’incident avec les Etats-Unis de peur des représailles potentielles. L’absence de force armée européenne donne peu de crédibilité aux opérations européennes et a contraint Français et Anglais à suivre le mouvement de retraite impulsé par Washington. Enfin, l’Europe a semblé complètement paralysée devant les menaces proférées par Erdogan. Aucun des dirigeants européens n’a réagi à ces propos : « Europe, reprend-toi, si tu essayes de faire passer notre opération pour une invasion nous t’enverrons 3,6 millions de migrants. » car les européens sont tétanisés à l’idée de vivre une crise semblable à celle de 2015 qui a largement fragilisé l’union et à laquelle aucun des dirigeants n’a encore trouvé la solution.


V. Poutine, le grand vainqueur du conflit


Le grand vainqueur de ce conflit n’y est pas directement engagé, il s’agit de Vladimir Poutine. En effet, au lendemain de l’attaque Turque les Kurdes se sont tournés vers B. El Assad, qu’ils considèrent être un moindre mal par rapport à l’éternel ennemi Turc. Du fait des jeux d’alliance, la Russie devient la dernière puissance présente capable de dialoguer avec tous les belligérants et elle occupe ainsi la place laissée libre par les Etats-Unis. En outre, les forces syriennes ont pris possession de certaines villes au nord de la Syrie jusqu’alors contrôlées par les Kurdes.

V. Poutine est donc en passe de réussir son pari de faire de la Syrie la porte d’entrée du retour de la Russie au tout premier plan de la scène internationale. Le président russe mène depuis janvier 2017 le processus d’Astana (table de négociation engageant la Russie, l’Iran et la Turquie) qui vise à régler le conflit, il a pris place dans la région en maintenant au pouvoir son allié Assad et parvient à bloquer toute intervention de l’ONU grâce à sa place au conseil de sécurité.

Sans mener d’opération mais en profitant de chaque erreur américaine, la Russie est en 8 ans de guerre syrienne redevenue la puissance majeure du Moyen-Orient. A quel dessein ? Nous le saurons très rapidement.


Par Pierre Mouniq

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