L'éradication du charbon : une tare pour la lutte écologique
- Bambou Courtinat
- 8 mai 2024
- 3 min de lecture
Lundi dernier, l'Italie accueillait le G7 à Turin afin de fixer de nouveaux objectifs environnementaux, notamment concernant la diminution de l’utilisation du charbon dans le secteur industriel. C’est la première grande rencontre autour du climat de cette année 2024, notamment suite à la COP28 de Dubai. Ainsi, les ministres du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement de chaque pays du G7 se sont réunis pour accélérer les négociations autour de la fin des centrales à charbon sans captage de carbone. Ensemble, les pays du G7 représentent 38% de l'économie mondiale et sont responsables de 21% des émissions de gaz à effet de serre, selon des chiffres pour 2021 de l'Institut d'analyse du Climat.

A Turin, le 2 mai dernier, les ministres du G7 se sont accordés pour une sortie du charbon.
Un combustible dont personne n’arrive à se défaire
C’est en 2021, lors de la COP de Glasgow que le charbon intervient de manière très alarmante dans l'histoire des négociations diplomatiques. Alors que les différents Etats étaient sur le point d’imposer une élimination progressive du combustible fossile, certains pays ont exprimé des réticences. Pour la première fois de l'histoire des négociations climatiques, l'accord de cette COP mentionne explicitement le combustible. Cependant, à la dernière minute, à la demande de l'Inde, "sortir du charbon" n’est plus envisageable. Le charbon constituant 45% de son bilan énergétique, le faire disparaître du mix énergétique n'est pas chose facile. L'industrie du charbon a été un pilier fondamental du développement économique de nombreux pays et ce depuis le 19ème siècle. Son exploitation marque le début de la seconde révolution industrielle permettant entre autres l’apparition de la machine à vapeur. Cependant, au fil du temps et au fil de l’éveil de la conscience écologique, la communauté internationale réalise ses conséquences néfastes sur l'environnement contribuant de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre et au changement climatique. En effet, en 2018 les émissions de CO2 sont liées à 39% à la combustion du charbon montrant ainsi une dépendance à échelle mondiale.
Des luttes anti-charbons qui se multiplient
D’un autre côté, les luttes contre l’industrie du charbon augmentent de tous côtés. En Allemagne, en janvier 2023, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis derrière la jeune activiste climatique Greta Thunberg pour dénoncer l’extension d’une mine de charbon à ciel ouvert. Du côté des actionnaires, c’est en 2021 qu’une centaine de grands investisseurs suisses et internationaux appellent les banques à augmenter leurs efforts pour accélérer la transition énergétique. Par exemple, en renonçant à financer l’extraction et la production de charbon d’ici à 2030 dans les pays de l’OCDE et à 2040 dans le reste du monde. Une preuve forte du fait que les finances se mettent aussi du côté de la lutte écologique.
Un défi qui reste tout de même d’envergure tant le développement actuel en dépend
Pourtant, malgré les efforts déployés pour réduire l'utilisation du charbon, son élimination complète reste un défi majeur. En effet, de nombreux pays dépendent encore largement du charbon pour répondre à leurs besoins énergétiques, en particulier dans les secteurs industriels et de la production d'électricité. De plus, l'industrie du charbon est souvent étroitement liée à des intérêts économiques et politiques puissants, ce qui rend difficile son remplacement par des alternatives plus durables. En outre, les pays en développement, tels que l'Inde et certains pays d'Asie du Sud-Est, continuent de s'appuyer sur le charbon pour soutenir leur croissance économique rapide et répondre aux besoins énergétiques croissants de leur population. Pour ces pays, la transition vers des sources d'énergie alternatives peut être coûteuse et techniquement complexe, ce qui rend difficile l'abandon complet du charbon dans un avenir proche. Mais ce n’est pas seulement le cas de pays en développement comme l’Inde. En effet, l’Australie elle aussi est très dépendante de ses usines à charbon étant à l’heure actuelle 2ème exportateur de charbon dans le monde.
En conclusion, bien que l'éradication du charbon soit une composante essentielle de la lutte contre le changement climatique, elle reste un défi complexe. On peut potentiellement compter sur un avenir plus prometteur en termes d’éradication du charbon sachant que depuis avril 2024 l’Australie entame la reconversion de son industrie de charbon, soutenant des projets de transformation de mines et de centrales thermiques.
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