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La synthèse du rapport du GIEC : la fin d'un cycle de huit ans

  • Photo du rédacteur: Anaëlle Jollivet
    Anaëlle Jollivet
  • 8 mai 2023
  • 4 min de lecture

Lundi 20 mars 2023, la synthèse du 6ème rapport du GIEC a été publiée. Ce rapport synthétise l’ensemble des connaissances scientifiques acquises entre 2015 et 2021 concernant le dérèglement climatique, ses causes et ses conséquences ainsi que les mesures pour lutter contre et s’y adapter. Il vient marquer la fin d’un cycle de 8 ans. Le bilan dressé par ce rapport est globalement très négatif. Il appelle à une nette baisse des émissions de gaz à effet de serre, baisse qui se fait toujours attendre près d’un an et demi après la publication du premier volet.





Quel rôle pour le GIEC ?

Créé en 1988 sous la pression des Etats-Unis de Ronald Reagan, le premier but du GIEC était de permettre aux Etasuniens de garder le contrôle sur l’expertise scientifique alors que les pourparlers pour établir un traité international sur le climat étaient déjà en cours. Le premier but du GIEC est donc de permettre une collaboration entre la science et la politique et de pousser les Etats à agir. La légitimité du GIEC a été acquise lentement, étape par étape. Il a su se réformer notamment face aux climatosceptiques du début du siècle. Si le climat est aujourd’hui une préoccupation majeure pour un grand nombre d’Etats, c’est grâce au GIEC. Son rôle n’est pas seulement un rôle d’alerte mais aussi et surtout celui d’un fournisseur de solutions.


Victime d’ingérence, le GIEC est gêné dans son fonctionnement

Si ce sont les scientifiques qui écrivent les rapports, les 195 pays membres de l’OMM (Organisation météorologique mondiale) et du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) élisent les membres du bureau, approuvent le plan des rapports ainsi que les résumés à l’intention des décideurs. Il y a donc un partage du pouvoir ainsi qu’un certain enjeu politique d’autant plus que certains ont longtemps nié la réalité du changement climatique.

Bien que certains considèrent le GIEC comme alarmiste, il a tout de même une certaine forme de conservatisme. Il est toujours très prudent dans ce qu’il avance et la temporalité très longue est la conséquence de l’intervention de très voire trop nombreux acteurs différents.

Les scientifiques ont toujours le dernier mot lors de l’approbation des résumés mais certains Etats tentent de le rendre plus vagues ou plus techniques. Les auteurs doivent faire face à des pressions pour considérer l’opinion et les demandes de certains gouvernements si bien que ces rapports ne remettent jamais vraiment en cause les rapports de force politiques et économiques.

La séance d’approbation du résumé s’est tenue entre le 13 et le 17 mars mais seuls 30 des 150 pays représentés sont restés jusqu’à la fin afin d’adopter le rapport. Ce sont les grandes puissances qui sont restées alors que les pays plus pauvres (mais aussi plus vulnérables au dérèglement climatique) n’ont pas pu rester en raison de financement limité. Certaines questions épineuses ont ralenti le processus parmi lesquelles celle de la sortie des énergies fossiles qui a été remise en cause par les pays du Golfe qui promeuvent davantage les technologies de captages du CO2. D’autres puissances (principalement les géants en développement que sont la Chine et l’Inde) ont voulu retirer les chiffres précis de la réductions des émissions de gaz à effet de serre pour espérer limiter le réchauffement climatique à un certain niveau. Les Etats-Unis ont quant à eux refusé l’inscription de la notion de responsabilité historique.


Et maintenant ?

Alors que certains appellent à réformer le GIEC (le mandat du président Hoesung Lee se termine en juillet), l’heure est surtout à l’action. S’il ne faut retenir qu’un point de la synthèse publiée, c’est qu’un réel sursaut international s’impose pour espérer contenir le réchauffement climatique à 1,5°C. Actuellement au bord du précipice, le réchauffement est d’ores et déjà de 1,1°C par rapport à la fin du XIXème siècle. Sans changements majeurs c’est la production alimentaire, l’approvisionnement en eau, les économies nationales et la survie d’une grande partie de la biodiversité qui sont menacés. Selon Antonio Guterres – secrétaire générale de l’ONU – « la bombe à retardement climatique poursuit son compte à rebours, mais ce rapport est un guide pratique pour la désamorcer ».

La synthèse se veut à l’attention des décideurs et ne fait qu’une trentaine de pages. Elle concède le fait que les mesures de réduction des émissions de GES sont plus nombreuses qu’en 2014 mais celles-ci restent insuffisantes. Seuls 18 pays ont réduit leurs émissions si bien qu’on s’oriente vers un réchauffement de 2,8°C en cas de poursuites des politiques actuelles. Le pire est à venir, mais le désastre peut être minimisé. Il faut atteindre le pic des émissions au plus tard en 2025 pour pouvoir espérer limiter le réchauffement à 2°C. Le rapport détaille les solutions secteur par secteur.



Pour conclure, le rapport du GIEC se veut alarmiste mais plein de solution. Il appelle à une collaboration entre les différents Etats remettant la géopolitique au centre. En 2006, Nicholas Stern – ancien ministre britannique de l’économie - publiait déjà le Rapport Stern, « Le coût de l’inaction » dans lequel il appelait à investir 1% du PIB par an contre le réchauffement climatique pour éviter les effets d’une récession de 20% du PIB mondial au cours du XXIème siècle. L’heure est donc plus que jamais aux investissements massifs pour la préservation de l’environnement, de la part de la quasi-totalité des Etats du monde.

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