La Terre "inhabitable" : explications

Plus de 40 experts alertent, dans la revue « Nature », sur le franchissement de 7 des 8 lignes rouges planétaires. Ces seuils fatidiques concernent principalement le climat, la biodiversité, l’eau douce, ainsi que les cycles de l’azote et du phosphore.

Le constat

La situation actuelle de la planète est préoccupante, l'humanité se rapprochant des "points de bascule négatifs, existentiels et irréversibles". Dans un article majeur publié récemment dans la revue Nature, la "Commission de la Terre", composée de plus de 40 scientifiques internationaux et dirigée par Johan Rockström, met en garde contre les risques encourus par les populations mondiales. Des recherches scientifiques quantifient désormais les dommages significatifs causés aux individus, tels que la dégradation de l’espérance de vie, des moyens de subsistance, des revenus, des déplacements, la perte de sécurité nutritionnelle, d'eau, ainsi que les maladies chroniques, les blessures et la malnutrition. Les experts se sont concentrés sur neuf "seuils de sécurité et de justice" essentiels pour préserver la sûreté des individus et la stabilité de la planète. Malheureusement, sept de ces seuils semblent déjà avoir été dépassés. Ces seuils critiques, perturbés par l'activité humaine, englobent le climat, la biodiversité, le cycle de l'eau douce, la couche d'ozone, l'acidification des océans, les processus biochimiques de l'azote et du phosphore, l'utilisation des terres, la charge en aérosols atmosphériques, ainsi que la pollution radioactive ou chimique. Face à ces constats alarmants, il est crucial de prendre des mesures collectives et décisives pour devenir les gardiens responsables de notre système terrestre. L'avenir de l'humanité dépend de notre capacité à inverser cette trajectoire négative et à promouvoir un avenir durable pour les générations futures.

Les indicateurs

La gravité de la situation est illustrée par trois indicateurs clés qui ont récemment dépassé des seuils critiques. Tout d'abord, le climat enregistre une augmentation de +1,5 °C par rapport à la période préindustrielle, exposant plus de 200 millions de personnes déjà vulnérables à des températures annuelles moyennes sans précédent, et plus de 500 millions à une élévation à long terme du niveau de la mer. Le cycle de l'eau douce est également alarmant, avec 34 % de la surface terrestre subissant une altération de plus d'un cinquième de ses débits d'eau en raison de barrages hydroélectriques, de systèmes de drainage et de constructions. De plus, 47 % des nappes phréatiques sont surexploitées, dépassant leur capacité de recharge en eau. La biodiversité, quant à elle, a déjà franchi un seuil critique, avec plus de la moitié des écosystèmes naturels déjà artificialisés. Ces limites ont un impact considérable sur notre qualité de vie. Les chercheurs soulignent que ces huit indicateurs ont été soigneusement sélectionnés pour être mis en œuvre par les parties prenantes à l'échelle mondiale, des villes aux entreprises en passant par les pays. Ils fournissent des repères essentiels pour orienter l'avenir de l'humanité sur Terre.

Les recommandations du GIEC

Cet énième article nous permet de réaliser l’urgence actuelle. Le rapport du GIEC récemment publié rappelle que la décennie en cours est "essentielle" pour lutter contre le changement climatique. Si l'on veut limiter le réchauffement à +1,5°C, il faudrait avoir réduit de 48% nos émissions de CO2 d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019. Le GIEC cite en premier lieu la transition "des énergies fossiles vers des sources non ou peu émettrices en gaz à effet de serre", mettant en avant l'énergie solaire et l'éolien. Il évoque également une transition vers une alimentation plus végétale, la reforestation, l'électrification des usages, les efforts de sobriété, "la conservation d'environ 30 à 50% des terres des eaux douces et des océans de la planète" et la capture du carbone pour "compenser les émissions difficiles à baisser". Mais Des outils financiers sont aussi à mobiliser, comme "supprimer les subventions aux énergies fossiles".

Les conclusions alarmantes de la Commission de la Terre mettent donc en évidence la gravité de la situation actuelle de la planète. Les seuils critiques sont dépassés dans plusieurs domaines clés tels que le climat, la biodiversité et le cycle de l'eau douce, ce qui entraîne des conséquences dramatiques pour des centaines de millions de personnes à travers le monde. Le temps est venu d'agir de manière décisive et collective pour inverser cette trajectoire négative et assurer un avenir durable pour l'humanité.