Le 21e siècle : une nouvelle révolution des femmes ?
- Doha Yahyi
- 23 oct. 2022
- 3 min de lecture
Depuis de nombreux mois, les femmes du monde entier tentent de faire entendre leurs voix et leurs libertés suite à des événements tragiques. Plus qu’un cas isolé, ce phénomène se propage et gagne du terrain.

États-Unis : la révocation de l’arrêt Roe vs Wade, un bond en arrière pour la liberté des femmes ? Le 24 juin 2022, la Cour Suprême des États-Unis a annulé l’arrêt Roe vs Wade. Cet arrêt garantissait depuis 1973 l'accès à l’interruption volontaire de grossesse à l’échelle du pays. Son annulation autorise aujourd’hui l’interdiction de l’avortement par les États. Si le président Joe Biden a qualifié cette décision « d’erreur tragique », qui « met la santé et la vie des femmes en danger », elle symbolise la victoire du combat menée par la droite ultrareligieuse américaine depuis plusieurs années. Il aura fallu moins d’un mois pour les États du Tennessee, du Texas et de l’Idaho pour rejoindre la liste des 9 États (Alabama, Arkansas, Idaho, Kentucky, Louisiane, Mississippi, Missouri, Oklahoma, South Dakota) qui interdisent à présent l’avortement. D’après le Guttmacher Institute, jusqu’à 58 % des Américaines en âge de procréer (soit environ 40 millions de femmes) vivent dans un État qui pourrait les priver de ce droit ou le limiter drastiquement. Pour les femmes américaines, cette décision aura des conséquences à la fois économiques et sociales, notamment pour les femmes en situation de précarité qui ne disposent pas des ressources financières pour assurer leur protection. Le 8 novembre 2022 auront lieu les midtermssoit les élections de mi-mandat aux États-Unis qui permettent d’élire l’ensemble des membres de la Chambre des Représentants et 1/3 du Sénat. Joe Biden souhaite interdire les États à restreindre le droit à l’avortement. Il a fait la promesse aux Américains d’inscrire l’avortement dans la loi fédérale, si les Démocrates emportent les midterms.
Iran : Mahsa Amini, le nouveau visage de la révolution des femmes du monde arabe ?
Depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini - une jeune iranienne de 22 ans, détenue par la police des mœurs pendant 3 jours parce qu’elle portait une « tenue inappropriée » - les femmes iraniennes sont au premier rang de manifestations anti-régimes. Les manifestations se multiplient à l’échelle du pays, mais également à l’échelle internationale. La répression de ce mouvement de protestation en Iran a fait au moins 41 morts en 9 jours.
Ces protestations se sont étendues notamment en Turquie et au Liban – mettant à jour la répression de la femme dans le monde arabe. C'est aussi le cas en Afghanistan, où depuis la prise de Kaboul, les talibans ont imposé des restrictions aux droits des femmes à travers le pays. Les femmes ont été informées qu’elles ne peuvent pas retourner sur leur lieu de travail, ni se déplacer en public à moins d’être accompagnées par un tuteur de sexe masculin. Les filles ayant plus de 12 ans se voient désormais refuser une éducation.
Et après : vers une nouvelle géopolitique des femmes ? L’ONG Amnesty International alerte d’une situation globale de « régression des droits des femmes » depuis 2020 : « Depuis 2 ans - sur fond de pandémie Covid-19 - la violence domestique est en hausse, la précarité de l’emploi s’est aggravée pour les femmes, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive a été battu en brèche, l’inscription des filles à l’école a chuté ». En effet, des reculs s'observent dans l'adhésion aux traités internationaux qui protègent le droit des femmes : en juillet 2022, le Conseil d’État turc confirmait le retrait du pays de la convention d’Istanbul, premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir les violences envers les femmes.
À l'échelle nationale les ONG s'inquiètent aussi. Au Maroc, la mort de Meriem le 6 septembre 2022 - une jeune adolescente de 15 ans - suite à un viol et à un avortement clandestin relance le débat sur l’avortement et le fardeau du viol dans la société marocaine. Selon l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (Amlac), 600 à 800 avortement illégaux auraient lieu chaque jour au Maroc. Aussi, le contexte géopolitique actuel qui voir la multiplication des conflits armés – guerre en Ukraine, conflit en Éthiopie…- accroît ces violences sexuelles. Les images des conflits diffusées ne cessent de mettre en lumière des actes de violences généralisés (viols, mutilations…) envers les femmes.
La plateforme Disney + l’affirme haut et fort à travers sa nouvelle série originale dystopique « Y : le dernier hommes », 2022 est peut-être une année de régression des droits des femmes, mais elle reste une année où ces dernières ont occupé le devant de la scène géopolitique mondiale.







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