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Le conflit au Yémen : qui sont les houthistes ?

  • Iara Moeykens
  • 25 janv. 2024
  • 3 min de lecture

Depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre dernier, et les répressions israéliennes que celles-ci ont suscité, les houthistes ont multiplié leurs actions en protestation contre l'Etat hébreu, qu'ils s'agissent de tirs de roquettes ou d'attaques de navires en mer Rouge. Comment comprendre ces agissements de la part d'un mouvement fruit de l'échec d'un Yémen unifié et en guerre depuis de nombreuses années ?




Des rebelles houthis prennent d'assaut le cargo Galaxy Leader en Mer Rouge, le 19 novembre 2023


Un point d’histoire

Le Yémen, pays a 27 millions d’habitants, est un pays jeune, résultant de la fusion de la République Arabe du Yémen et la république démocratique populaire du Yémen en 1990. Cependant, cette nouvelle république est déjà divisée, notamment du fait des revendications sécessionnistes au Sud tandis qu’au Nord la rébellion Houthiste ne cesse de se développer. Les houthis, du nom chef religieux chittes Hussein Badreddine al-Houthi, sont de confession Zaïdite, une branche minoritaire des chiites mais représentant tout de même 42% de la population yéménite . Ainsi, le mouvement Houthiste de 94 entend dénoncer leur marginalisation et réclame plus d’autonomie. En parallèle, le mouvement mène plusieurs insurrection dans les montagnes au Nord du pays, notamment à Saada, ce qui affaiblit considérablement le pays.

En 2011, dans le sillage des printemps arabes, la révolution yéménite provoque le départ du Président Ali Abdallah Saleh, après 33 ans au pouvoir, et lui succède son vice-président, Abd Rabbo Mansour Adi. Son but est d’entamer la transition et rédiger une nouvelle Constitution. Or, un projet de découpage de l’état en 6 régions suscite beaucoup de mécontentement, surtout chez les Houthistes. En réponse à cela, ils lancent une offensive en 2014 vers le Littoral, de manière à s’assurer un accès à la mer, puis progressent vers le Sud. Les houthistes parviennent à convaincre une partie des populations en se présentant comme une population « déshéritée ». A noter que les houthis sont les membres de l’ethnie tandis que le terme « houthiste » fait référence aux houthis engagés dans la rébellion.

En septembre 2014, les houthistes s’emparent de Sanaa, la capitale, et prennent le pouvoir en janvier 2015 tandis que le président Hadi fuit vers le Sud du pays. Les rebelles le poursuivent et finissent par contrôler l’Ouest du pays, également la partie la plus peuplée.

Le 25 mars 2015, une offensive à Aden fait fuir le Président Hadi a Riyad, fuite entrainant la réaction de l’Arabie Saoudite qui déclenche l’opération « tempête décisive ». cette opération est menée par une coalition de 9 pays Arabes dont l’Egypte, la Jordanie, le Soudan, la Qatar, le Bahreïn, le Koweït, les Emirats Arabes Unis ainsi que le Maroc et bien sûr l’Arabie Saoudite, à la tête la coalition. En tant que pays sunnite, le but est de tenir la frontière Sud tout en stoppant l’influence de l’Iran, le géant chiite soutenant les rebelles au Yémen. En effet, l’Iran est un élément clé puisqu’il fournit les armes aux houthistes en raison de leur même affiliation religieuse.

 

Tensions et coalition

Malgré les opérations meurtrières menées de la coalition ayant généré plus de 1600 victime à la mi-mars et poussant plus de 300 000 personnes à fuir, les houthistes conservent le pouvoir sur une grande partie du territoire. Au-delà d’une guerre simplement locale, il faut comprendre que le Yémen est un point de tension dans une sorte de « guerre froide » régionale opposant l’Arabie Saoudite et l’Iran. Chaque bloc repose sur une instrumentalisation des principales branches de l’Islam : le sunnisme et le chiisme. Leurs différences remontent aux premiers jours de l’Islam et sont principalement liées à des divergences concernant la succession du prophète Muhammad, l’Imamat mais aussi à l’interprétation différente du Coran et de Hadiths. Ainsi, ces divergences ont eu des répercussions à l’échelle du Moyen-Orient, accentuant des tensions dans d’autres conflits tels que celui en Syrie.

Les tensions n’ont cependant pas été que politiques. En effet, le conflit perturbe l’économie du pays ainsi que celles des voisins, notamment du fait de la fermeture du détroit de Bab el Mandeb, 4ème passage maritime mondial pour le transport des hydrocarbures, affectant les routes commerciales maritimes. Il y a d’ailleurs deux mois de cela, les houthistes prenaient en otage un cargo naviguant en Mer Rouge.

 

La menace djihadiste

Enfin, du fait du vacuum politique fondé sur le vide de pouvoir et l’instabilité politique, le conflit au Yémen a conduit à une amplification des menaces djihadistes. Les rivalités entre différents groupes armés finissent par créé des zones de non-droit permettant aux djihadistes d’opérer plus facilement. Ainsi, le groupe Etat Islamique s’insère peu à peu dans le pays et Al-Qaïda renforce sa position au Sud et, en tant que groupe sunnite, jouit même du prétexte de la polarisation religieuse pour justifier ses activités. D’ailleurs, le chaos au Yémen leur a même permis d’y établir des camps d’entrainement, facilitant considérablement le recrutement de nouveaux membres.

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