Le secteur aérien face aux enjeux climatiques
- UN'ESSEC
- 10 juin 2019
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Dernière mise à jour : 27 juin 2023

Du samedi 1er au lundi 3 juin 2019 se tenait à Séoul en Corée du Sud le congrès annuel de l’Association international du transport aérien (IATA). Un sujet a été particulièrement au centre des discussions cette année. Celui de la crainte de l’instauration de taxes pour lutter contre le réchauffement climatique.
Le secteur aérien se défend face aux accusations
Face à la montée en puissance du mouvement flygskaw, terme suédois qui désigne la « honte de prendre l’avion » et qui invite les voyageurs à utiliser d’autres moyens de transport moins polluants, le secteur aérien tente de se défendre. Il rappelle que l’avion compte pour « 2% seulement des émissions mondiales de CO2 ». Chez Air France, la directrice du Développement Durable Nathalie Simmenauer a avancé qu’en optimisant l’efficacité énergétique des vols de la compagnie, celle-ci a réduit de 1,5% par an ses émissions de CO2 et vise une réduction de 50% d’ici 2050 par rapport à 2005.
La tout autre réalité
Ces initiatives sont encore trop faibles si l’on en croit les rapports scientifiques et les ONG qui savent ô combien l’urgence est présente et ô combien le vol aérien en est en partie responsable. En réalité, si l’on s’attarde à tous les tenants et aboutissants, selon une enquête étendue menée par Greenpeace en 2018, le transport aérien serait à l’origine non pas de 2% mais bien de plus de 5% du réchauffement climatique. Et ce pour seulement 26 000 avions qui circulent dans le monde – en guise de
comparaison, on recense environ 1,4 milliard de voitures sur terre en état de rouler. D’autres ONG rappellent « qu’un vol aller-retour Paris-Pékin produit l’équivalent des émissions d’une famille pour se chauffer pendant un an en France ».
Les conséquences économiques
En Suède, le flygskaw prend de l’ampleur : pour la première fois depuis 2008, le gestionnaire d’aéroport suédois Swedavia AB a enregistré un recul du trafic aérien de 6% en 2018. De surcroît, les compagnies aériennes craignent l’instauration d’une nouvelle taxe au nom des préoccupations écologiques. En France, les ONG environnementales appellent ainsi le gouvernement d’Édouard Philippe, à l’occasion de l’examen du projet de loi d’orientation des mobilités à L’Assemblée nationale, à partir de lundi 3 juin, la mise en place d’une « contribution climatique » sur les billets d’avion ainsi qu’une suppression de la niche fiscale dont profite le kérosène. Ces deux leviers de pression sur le secteur aérien arrivent au pire moment. Selon l’IATA, les profits du secteur seraient à la baisse en 2019 et ne devraient pas dépasser 28 milliards d’euros, alors qu’à la conférence de l’an dernier, l’IATA prévoyait 35 milliards. Bien que le nombre de passagers transportés augmente toujours, cette baisse s’explique par la récente montée des prix des carburants.
Cyril Kernbaum
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