Les séismes en Turquie et en Syrie
- Zoé Delberghe
- 13 févr. 2023
- 3 min de lecture
Deux puissants séismes de magnitude 7,8 et 7,5 ont dévasté le sud de la Turquie et la région frontalière de la Syrie le lundi 6 février 2023. Ce séisme, le plus intense enregistré en Syrie depuis 1939, a causé la mort de plus de 40 000 personnes dans les deux pays.

Deux séismes d’ampleur historique
Ce tremblement de terre s'avère être l'un des plus meurtriers de ces dernières années, alors même que les recherches ne sont pas encore terminées. Outre les pertes humaines considérables, le séisme a également entraîné de graves dégâts matériels. En effet des villes entières sont aujourd’hui détruites dans les deux pays à l’image de la ville de Kahramanmaras en Turquie, épicentre de la catastrophe. La citadelle d’Alep en Syrie, joyau historique qui a également subit des dégâts à la suite du séisme. Les gouvernements turc et syrien ont rapidement sollicité une aide internationale pour faire face à cette crise humanitaire. Les ONG du monde entier appellent la communauté internationale à se mobiliser et à ne pas faire de cette catastrophe un sujet politique.
Une aide humanitaire qui s’organise en Turquie
L'appel au secours lancé par le gouvernement turc après ce puissant séisme a frappé a suscité une réponse internationale sans précédent. 95 pays, y compris des alliés tels que la Russie et la Chine, mais aussi des pays avec lesquels les relations sont plus tendues, comme l'Union Européenne et les États-Unis, ont répondu à l'appel. Les Etats-Unis ont par exemple annoncé qu’ils enverraient 85 millions de dollars à la Turquie et à la Syrie pour faire face à la catastrophe. Bien que les relations entre la Turquie et l'Union Européenne soient tendues en raison de différends politiques tels que la gestion de l'immigration, les actions militaires récentes de la Turquie et les préoccupations démocratiques, l'Union Européenne a été l'un des premiers pays à offrir une aide humanitaire. Certains experts considèrent que cette aide humanitaire est utilisée par l'Union Européenne comme un outil pour renforcer son Soft Power. Les organisations internationales sont également mobilisées pour aider les pays touchés par le séisme. Les Nations unies demandent 77 millions de dollars pour soutenir les efforts humanitaires, tandis que la Banque mondiale a annoncé une aide de 1,78 milliard de dollars pour la Turquie, dont 780 millions de dollars disponibles immédiatement pour reconstruire les infrastructures essentielles du pays. L'UNICEF, l'OMS et le Programme alimentaire mondial sont également sur le terrain pour apporter une aide immédiate.
La situation géopolitique tendue entre les pays occidentaux et la Syrie complique l’acheminement de l’aide humanitaire
En ce qui concerne l'aide humanitaire en Syrie, les choses sont plus compliquées à cause de la situation politique du pays. La guerre civile qui dure depuis plus de 12 ans a entraîné des sanctions internationales contre le régime en raison de la répression sanglante des manifestations anti-gouvernementales en 2011. Cependant, certains soutiens du régime considèrent la catastrophe naturelle comme une opportunité pour tenter de redorer l'image du régime en demandant la levée des sanctions. Immédiatement après la catastrophe, le Croissant-Rouge syrien a appelé l'UE à lever les sanctions économiques pour permettre la reconstruction du pays et les efforts humanitaires. Cependant aucun pays n'est prêt à rouvrir des relations diplomatiques avec un régime accusé de crimes contre l'humanité. En effet, le gouvernement Américain a annoncé jeudi dernier qu’il refusait de revenir sur ces sanctions, celle-ci ne s’appliquant pas directement sur l’aide humanitaire. Cette situation ralentie donc grandement les efforts humanitaires. En outre certaines des zones touchées par le séisme sont peuplées de rebelles, les convois humanitaires risquent donc d'être détournés par le régime de Damas et pourraient donner au régime l'occasion de pénétrer sur les zones rebelles et d'atteindre ses opposants. En effet, le gouvernement de Bachar el-Assad exige que tous les convois humanitaires soient contrôlés par le régime. A ces problématiques géopolitiques s’ajoutent des problématiques logistiques, en effet, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a annoncé que la principale difficulté rencontrée par les convois humanitaires était un problème d’accès, la Turquie ne partage qu’une seule frontière ouverte avec la Syrie, ce qui contribue une nouvelle fois à ralentir le processus d’aide.
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