UBS rachète le Crédit Suisse au terme d'une semaine intense pour le secteur bancaire mondial
- Antonin Macard
- 3 avr. 2023
- 3 min de lecture
Dimanche 19 mars au soir, le géant Suisse UBS a annoncé l’acquisition de son rival historique Crédit Suisse pour 3,25 milliards de dollars. Cette opération arrive à point nommé pour la banque en perdition, au terme d’un feuilleton catastrophe de cinq jours. Retour sur des incidents qui ont failli provoquer un Lehman Brothers 2.0.

Le Crédit Suisse : une banque dans la tempête
Créée à Zurich en 1856, le Crédit Suisse est une banque pionnière et historique du secteur bancaire « à la Suisse ». Depuis quelques années, le géant suisse essuie des déconvenues financières qui pèsent lourd sur son bilan : 8 milliards de dollars d’amendes cumulées sur dix ans, suppressions massives de postes et défaut de Archegos Capital, un fonds d’investissement américain, endetté de 4,4 milliards de dollars auprès du Crédit Suisse. En novembre 2022, la banque annonce une perte avant impôt susceptible d’avoisiner les 8 milliards de dollars, après des retraits de fonds de la part de plusieurs clients fortunés.
La semaine dernière, l’actionnaire principal du groupe, la Saudi National Bank, a déclaré publiquement ne pas vouloir participer à une nouvelle injection de capital dans la banque helvète, qui fait alors face à une grosse crise de liquidité. Résultat des courses : l’action de Crédit Suisse AG dévisse drastiquement de 30% sur les marchés financiers. Alors, pour essayer de sauver une des deux plus grosses banques du pays, la Banque Nationale Suisse accorde au CS une ligne de crédit record de 50 milliards de francs suisse, espérant ainsi rassurer les investisseurs et faire remonter le prix en bourse, en vain. Lors d’une conférence dimanche soir, le président de la Confédération a déclaré : « Vendredi, les sorties de liquidités et la volatilité des marchés ont montré qu'il n'était plus possible de rétablir la confiance des marchés et qu'une solution rapide et stabilisatrice était absolument nécessaire. Cette solution a été la reprise du Crédit Suisse par UBS ».
Un week-end tumultueux
A la fermeture des marchés financiers vendredi soir, la valeur de l’action du groupe en perdition était de 1,86€. Dès samedi, UBS est rentré en discussion pour acquérir le Crédit Suisse sur la base d’un prix de 0,25€ par action, soit une diminution de près de 86% de sa valeur boursière. La banque acquéreur souhaitait aussi inclure une clause de sureté, qui stipulait qu’elle avait le droit de se retirer du deal si les assurances sur le prix de l’action augmentaient pendant la durée de l’acquisition. Cette offre, aux conditions pouvant paraître presque grotesques, s’est vue refusée par le conseil d’administration de Crédit Suisse.
Dans l'après-midi, un accord de reprise acceptable a commencé à prendre forme. UBS a porté son offre à plus de 2 milliards de francs suisse et a renoncé à la clause de sortie de la transaction mentionnée plus haut, dans le but de rassurer le marché sur le fait que l'opération n'échouerait pas. Dans la soirée, UBS a déclaré avoir trouvé un accord avec son rival historique sur une acquisition à 3 milliards de dollars, soit 50% de la valeur boursière lors de la clôture de vendredi.
Il y aura un avant et un après
Les conséquences de la transaction se font déjà ressentir sur les marchés financiers. En effet, lors de la finalisation de l’acquisition, le régulateur Suisse a effacé les obligations émises par le Crédit Suisse, d’une valeur de 16 milliards de dollars, pour que la banque puisse rembourser ses actionnaires puis ensuite ses créditeurs. Différents investisseurs, très exposés à ces obligations, ont ainsi constaté une diminution drastique de leur portefeuille dès ce lundi 20 mars. Plusieurs d’entre eux ont par ailleurs déjà entamé des poursuites judiciaires à l’encontre du régulateur suisse pour manipulation de contrats. De son côté, UBS devient un leader maintenant incontesté de la place bancaire Suisse et devrait compter sur cette acquisition pour s’imposer encore plus dans cette industrie.
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