Vers un rapprochement entre le Japon et la Corée du Sud
- Xavier Petit
- 6 mars 2023
- 3 min de lecture
Mardi 1er mars, en Corée du Sud, à l’occasion de l’anniversaire du mouvement d’indépendance de 1919 contre la colonisation nippone (1910-1945), M. Yoon, le président Sud-Coréen, a présenté le Japon comme étant « passé du rang d’agresseur militariste à celui de partenaire qui partage les mêmes valeurs universelles que nous ». Depuis des décennies, les relations entre le Japon et la Corée du Sud ont été marquées par des tensions historiques et politiques. Avec l'ascension de la Chine et les défis posés par la pandémie de Covid-19, une coopération plus étroite entre le Japon et la Corée du Sud pourrait avoir des implications significatives pour la stabilité et la sécurité de la région Asie-Pacifique.

Yoon Suk Yeol, le président sud coréen et Fumio Kishida, le Premier ministre japonais
Les tensions entre le Japon et la Corée du Sud
Pendant des décennies, les relations entre le Japon et la Corée du Sud ont été tendues en raison de la colonisation japonaise de la péninsule coréenne de 1910 à 1945. Les actions du Japon pendant cette période ont causé des souffrances et des traumatismes durables pour les Coréens. C’est particulièrement le cas des « femmes de réconfort », forcées à être des esclaves sexuelles pour les soldats japonais.
Ces problèmes ont longtemps créé des tensions entre les deux pays, aggravées par des différends territoriaux et des différences dans la façon dont l'histoire est enseignée dans les écoles. Les gouvernements japonais ont souvent été critiqués pour ne pas avoir reconnu pleinement les atrocités commises pendant la colonisation, tandis que les gouvernements coréens ont été critiqués pour utiliser ces tensions à des fins politiques intérieures.
Les signes de rapprochement
Cependant, ces dernières années, il y a eu des signes de rapprochement entre le Japon et la Corée du Sud. En 2015, les deux pays ont conclu un accord de réconciliation concernant les « femmes de réconfort ». Le Japon a accepté de verser un milliard de yens (7,5 millions d’euros) de dédommagement aux quarante-six « femmes de réconfort » sud-coréennes encore en vie et a reconnu sa « responsabilité ». Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a également exprimé aux victimes ses « excuses et son repentir, du plus profond de son cœur ». Cet accord a été critiqué par certains groupes coréens qui ont estimé qu'il ne répondait pas aux attentes des victimes.
En 2018, les relations entre les deux pays ont été à nouveau tendues en raison d'un conflit commercial lié à l'exportation de produits chimiques. Le gouvernement sud-coréen a également décidé de dissoudre une fondation créée par l'accord de réconciliation de 2015, ce qui a provoqué une nouvelle vague de critiques de la part des groupes de victimes coréens.
Cependant, malgré ces tensions, il y a eu des signes positifs ces derniers mois. En novembre 2020, les ministres japonais et sud-coréens des Affaires étrangères ont eu leur première réunion en plus d'un an, à l’issue de laquelle ils ont convenu de travailler à la normalisation de leurs relations. En décembre 2020, le Japon a annoncé qu'il ne renouvellerait pas son accord de partage de renseignements militaires avec la Corée du Sud, mais est rapidement revenu sur cette décision après des pressions américaines.
Les défis à venir
Bien que les signes de rapprochement soient encourageants, il y a encore des défis à relever pour le Japon et la Corée du Sud. L'un d’eux est la montée en puissance de la Chine dans la région, qui a poussé les deux pays à renforcer leur coopération en matière de sécurité. Les États-Unis, qui ont des alliances de sécurité avec les deux pays, ont également encouragé une plus grande coopération.
Enfin, il y a des préoccupations concernant la sécurité régionale en raison des programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord, ainsi que des revendications territoriales en mer de Chine méridionale de la part de la Chine. Le Japon et la Corée du Sud ont des intérêts communs en matière de sécurité régionale, mais leur coopération est limitée par des tensions historiques et politiques.
En conclusion, le rapprochement entre le Japon et la Corée du Sud est un développement positif dans la géopolitique de la région, mais il reste encore beaucoup à faire pour normaliser les relations entre les deux pays. Les défis à venir, tels que la montée en puissance de la Chine et l'instabilité politique en Corée du Nord, nécessitent une coopération accrue entre le Japon et la Corée du Sud. Cependant, les progrès réalisés jusqu'à présent, tels que l'accord de réconciliation de 2015 et la récente reprise des discussions diplomatiques, montrent qu'il est possible de surmonter les différends historiques et de construire un avenir plus pacifique et coopératif dans la région.
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