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Élections législatives en Israël : le retour de Netanyahou

  • Tessa Limbach
  • 7 nov. 2022
  • 4 min de lecture

A la suite des élections législatives le 1er novembre dernier en Israël, le bloc dirigé par l’ancien Premier Ministre Benyamin Netanyahou se voit attribuer la majorité des sièges de la Knesset.



Benyamin Netanyahou



Des élections législatives confirmant un ancrage à droite

Le 1er novembre dernier, à l’occasion d’élections législatives anticipées, les citoyens israéliens sont allés voter, avec pour objectif de désigner les 120 nouveaux membres de la Knesset, le parlement de l’État d’Israël. Les électeurs se sont d’ailleurs fortement mobilisés, en témoigne un taux de participation de 47,5%, soit le plus élevé depuis 1999, selon la commission électorale. Aux termes de ces élections, les Israéliens ont assisté au retour en force d’un homme chassé du pouvoir pour corruption, Benyamin Netanyahou, sorti grand vainqueur. Son parti, le Likoud, de tendance nationale-libérale et conservatrice, demeure donc le premier parti à la Knesset, en obtenant 32 sièges, soit un quart du Parlement israélien.

Cependant, ce n’est pas grâce aux votes obtenus par son seul parti, qui subit pour sa part un léger recul, mais bien en tant que leader de l’alliance des partis de droite et d’extrême-droite que Benyamin Netanyahou remporte la majorité absolue des sièges, soit 61 sièges sur 120. En effet, son principal rival Yaïr Lapid, a obtenu 7 sièges de plus qu’aux élections précédentes avec son parti Yesh Atid, mais cette augmentation a été contrée par les bons résultats de la liste commune réunissant le Parti sioniste religieux et Otzma Yehudit, parti d’extrême-droite connu pour ses fortes positions anti-palestiniennes. La division des forces anti-Netanyahou les a également empêchés de faire contrepoids, menant ainsi à leur défaite.

L’arrivée d’un « bloc de droite » au pouvoir s'explique aussi par la percée sans précédent des suprématistes juifs à la Knesset et révèle un nouveau visage de l’Etat hébreu, pour aboutir à ce qui pourrait bien être le Parlement le plus ancré à droite dans l’histoire du pays. Ces suprématistes, défenseurs de la « purge » du pays de ses déviants, ouvertement homophobes et racistes, réclament d’ores et déjà des postes stratégiques au sein du gouvernement à venir.

Cinquième élection anticipée : une instabilité politique chronique ?

Ces élections anticipées sont les cinquièmes en moins de quatre ans. Cette succession de votes est notamment due à une instabilité politiquesous-jacente. En effet, depuis sa création en 1949, la Knesset a vu 15 de ses chambres dissoutes sur les 24 chambres élues. Ce chiffre illustre bien l’incapacité de créer une coalition solide et pérenne au pouvoir en Israël.

Cette instabilité au sein du gouvernement et de la Knesset est à l’origine des cinq élections précédentes. La dernière en date remonte au 23 mars 2021, organisée à la suite de l’échec de la Knesset à adopter un budget pour l’année 2020. Yaïr Lapid et son parti centriste et laïc Yesh Atid, obtiennent à cette période le soutien du parti de droite Yamina, d’Israel Beytenou, du Parti travailliste, du Meretz et de Bleu et Blanc. A la suite des élections, une coalition est formée, avec pour projet de placer Naftali Benett (Yamina) au poste de Premier Ministre jusqu’en août 2023, qui laissera ensuite place à Yaïr Lapid.

La coalition est votée à une très faible majorité, entraînant quelques mois plus tard un gouvernement minoritaire à la suite de départs de députés. Après les menaces du Likoud de déposer une motion de dissolution, Benett et Lapid décident donc de dissoudre la Knesset, en laissant Yaïr Lapid au poste de Premier Ministre jusqu’aux prochaines élections, prévues pour le 1er novembre 2022. Cette versatilité de la politique renvoie à un phénomène mondial, lié à une polarisation de plus en plus marquée entre une « gauche » et une « droite » incapables de trouver un terrain d’entente afin de former des gouvernements solides. En outre, cette percée du bloc de droite, et notamment de l’extrême-droite fait écho à des évènements similaires dans des gouvernements instables, comme en témoigne l’élection en septembre dernier de Giorgia Meloni en Italie.


Le « bloc de droite », comme un mauvais présage

L’arrivée au pouvoir des partis de droite, et particulièrement d’extrême-droite, risque d’avoir de nombreuses conséquences nuisibles, autant pour les Israéliens que pour les relations diplomatiques avec les autres pays. Ces élections donnent lieu à un nouveau cap idéologique, une montée de l’extrémisme sur fond de racisme et de « purge » du pays. Ce tournant politique constitue, pour les analystes, une menace pour la démocratie, les citoyens et leurs libertés.

La principale victime de ces résultats aux législatives restera cependant la Palestine. Certes, les experts assurent que le temps d’une Israël de Ben Gourion avec une gauche pro-paix et une droite pro-guerre est révolue, avec aujourd’hui l’ensemble du spectre politique engagé dans les hostilités vis-à-vis de la Palestine. Cependant, l’ascension de l’extrême-droite pourrait changer la nature des relations avec les voisins palestiniens. Le risque ici est de tomber dans une relation israélo-palestinienne dénuée de toute perspective politique, avec des Israéliens se comportant en véritables envahisseurs, profitant de leur supériorité militaire pour faire un usage dérégulé de leur force sur place.

Enfin, si la formation du gouvernement s’inscrit dans la continuité des résultats aux élections, cela imposera aux alliés occidentaux une réévaluation inévitable de leurs relations avec l’Etat hébreu. Les premiers concernés seront les États-Unis, qui entretiennent des relations très proches avec Israël, comme le souligne la déclaration de Donald Trump en décembre 2017 sur la reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis comme capitale d’Israël. Beaucoup d’alliés sont restés relativement silencieux, notamment au sujet de la poursuite de la colonisation en Cisjordanie ou du bafouement quotidien des droits et libertés des Palestiniens. Les résultats de ces élections anticipées les forceront donc à choisir entre mettre un terme aux relations diplomatiques privilégiées ou défendre résolument l’Etat d’Israël. Il ne sera donc plus possible de rester dans cette potentielle zone d’ombre…

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